Aujourd'hui
Avant le confinement, le cinéma -français de surcroît- était en plein examen de conscience sur la place qu'il accorde aux femmes. Le sujet revient sur le devant de la scène, en salles, avec la sortie La Bonne épouse, une comédie qui confronte la principale d'une école ménagère à la libération des mœurs post-Mai 68.
On l'a quelque peu oublié mais ont existé, en France, des écoles ménagères qui apprenaient aux jeunes filles à faire la cuisine, le ménage, le repassage... Bref, à savoir tenir leur futur foyer, tout en acceptant de se plier à leur devoir conjugal. C'est de cette époque pas si lointaine dont il est en question dans le dernier film de Martin Provost (Séraphine, Violette), lequel nous plonge au sein de l'une de ses institutions. Paulette (Juliette Binoche), la principale, s'échine à inculquer tout ce qu'elle s'est toujours appliquée à elle-même : être « une bonne épouse ». Mais la mort de son mari, les retrouvailles avec son amour de jeunesse et le contact avec une promotion revêche vont remettre en doute toutes ces certitudes quant à sa condition...
La première partie séduit par son humour, qui tourne en dérision ses personnages adultes et à travers eux, leur conception surannée du rôle de la femme au sein du foyer. Le film se montre en revanche moins à l'aise pour leur donner de l'épaisseur -exceptée Paulette, le protagoniste central- ce qui les sortirait de leurs archétypes et viendrait davantage appuyer le propos. Un peu trop mécanique, cette comédie connaît une baisse de régime notable à mi-parcours, comme si elle perdait le fil de ses idées, laissant ainsi le sentiment de ne répondre qu'à un simple cahier des charges. La Bonne épouse manque sans doute d'un peu d'adversité pour pleinement captiver, tant dans le récit que dans la démonstration. Reste une douce fantaisie, joyeuse et bien interprétée, où bienveillance et sororité l'emportent très largement. Jusque dans cette dernière séquence, lorgnant vers la comédie musicale, qui célèbre alors une liberté nouvelle, que l'on aimerait toujours plus évidente. Le symbole d'un féminisme qui continue de tracer sa route, dans le sillon de la révolution des moeurs de Mai-68.
Comédie de Martin Provost, avec Juliette Binoche, Yolande Moreau, Noémie Lvovsky (1h49).
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