Une société créée pour des médecins, par des médecins, tel est le concept développé par Isotim autour de la télémédecine nucléaire. Installée à Poitiers, la toute jeune entreprise veut être une solution face au manque de spécialistes.

Claire Brugier

Le7.info

La société Isotim, fondée en septembre dernier par Thomas Pinto Leite et Benjamin Khalifa, n’est pas une entreprise comme les autres. Si les susnommés sont respectivement président et directeur, ils sont avant tout médecins. Leur spécialité : la médecine nucléaire, celle qui consiste à « injecter des produits à très faible radioactivité pour explorer certains organes », simplifie le Dr Khalifa. Elle est utilisée pour les cancers, les fractures osseuses, les embolies pulmonaires... via une scintigraphie ou un TEP-Scan notamment.

« La demande est en forte croissance mais il n’y a pas forcément de médecins pour y répondre. » Les chiffres le confirment. « L’activité augmente de 15% par an en France, avec seulement 37 nouveaux médecins, enchaîne le Dr Pinto Leite. Et beaucoup se retrouvent sans poste fixe. » Ajoutez à cela une géographie inégale de la spécialité (plus favorable à la région parisienne et au sud de la France) et un développement de la télémédecine, « tous les éléments du puzzle étaient présents ».

Avec le soutien du Centre d’entreprises et d’innovation de Grand Poitiers côté entrepreneurial et de la Société française de médecine nucléaire côté médical, les deux professionnels ont donc créé Isotim, pour « mettre à disposition des médecins à distance. L’objectif est d’absorber le surplus d’activité des centres et ainsi d’éviter aux patients des délais qui peuvent être délétères pour leur prise en charge ».

« La télémédecine est de plus en plus pertinente »

« Certains examens nécessitent que l’on voit le patient mais pour beaucoup d’autres les informations transmises par le médecin prescripteur suffisent, explique le Dr Pinto Leite. La télémédecine est de plus en plus pertinente. » Convoitée par des sociétés non spécialisées, elle reste trop peu utilisée en médecine nucléaire. « Il y a quelques années, on faisait 5 000 TEP-Scans par an dans la Vienne, aujourd’hui on en fait plus de 7 000. » Dont environ 1 500 ont été, cette année, interprétés par l’un des six médecins d’Isotim.

La toute jeune société travaille déjà avec deux centres, à Poitiers et Agen, et bientôt un troisième à Saintes. « Les besoins des centres correspondent à des périodes de congés, de formation... Mais il faut qu’ils aient un besoin régulier sur au moins six mois ou un an car cela représente un coût. »

Pour débuter, Isotim a investi 60 000€ dans « les connexions Internet, l’interfaçage de tous les logiciels et le matériel à distance pour les praticiens ». Le développement de la société et « la mise en place de nouveaux centres », dans les limites de la Nouvelle-Aquitaine dans un premier temps, ne feront qu’alourdir la note. Mais le Dr Pinto Leite et le Dr Khalifa, qui envisagent le recrutement de personnels administratifs pour la fin de l’année, en sont convaincus : « Ce nouveau champ médical doit être développé pour et par des médecins. »

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