Entreprises : vers une relance écologique

Le redémarrage économique qui s’annonce peut être l’occasion pour certaines entreprises d’opérer un virage écologique. L’Ademe relance une série d’appels à projets pour changer de dimension.

Comment concilier reprise économique et transition écologique ? A l’aube du déconfinement, cette question est sur toutes les lèvres. Alors que beaucoup d’entreprises sont au plus mal après deux mois d’arrêt total, la tentation est forte de sauver des emplois à tout prix, même aux dépens de l’environnement. Et pourtant, nombre d’experts considèrent que la crise du Covid-19 pourrait être le prétexte à un virage écologique, incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique.

L’Agence pour l’environnement et la maîtrise de l’énergie (Ademe) fait partie de ces acteurs qui croient qu’une autre voie est possible. L’Ademe vient de relancer une quinzaine d’appels à projets dédiés à l’économie circulaire et au développement de filières vertueuses. Certains ont déjà fait leurs preuves dans le passé, à l’image d’Objectif recyclage plastiques (Orplast), dont a bénéficié très tôt l’entreprise Cotton Wood, qui produit des bean bags, coussins et poufs -85 000 unités l’an dernier- depuis 1998. En 2015, Joël Pasquet et Laure Servant ont changé de garniture. Les deux associés ont opté pour du polystyrène recyclé issu des déchetteries de la Vienne. Depuis cette date, la filiale, Poitou Polystyrène (Le 7 n°289) se charge de nettoyer et de remettre en forme cette matière première qui est ensuite enfilée dans différents modèles de housses par trente salariés handicapés de l’Esat de Vivonne. « Les consommateurs ont été sensibles à ce cycle vertueux éco-citoyen », assure Laure Servant.

La production repart plus vite

Cette source d’approvisionnement locale confère une « grande autonomie » à l’entreprise. Après le confinement, cette organisation a permis de redémarrer plus vite l’activité. « Nous avons vécu un arrêt sur image pendant six semaines, reprend la gérante. C’était compliqué mais nous avons pu répondre aux commandes en ligne grâce à nos stocks. Ensuite, nous avons relancé la production immédiatement sans devoir attendre un gros fournisseur étranger qui nous aurait fait passer après d’autres. »

Le directeur régional de l’Ademe cite cette société en exemple. « On voit bien que ce nouveau mode de raisonnement n’oppose pas la prise en compte de l’environnement et la sobriété énergétique au développement économique », relève Lionel Poitevin. D’une manière générale, le rôle de l’agence consiste à « amorcer la pompe » en finançant le temps dédié à l’innovation pour trou- ver le bon modèle. Sur un autre plan, l’Ademe propose également un diagnostic d’optimisation des flux d’eau, d’énergie et de déchets. Les économies potentielles peuvent atteindre « 180€ par salarié et par an ». Nom de code : TPE et PME gagnantes sur tous les coûts(*). Tout cela pour redémarrer du bon pied. Reste à convaincre les patrons qu’ils peuvent se passer du pétrole, même si son prix est historiquement bas.

(*) gagnantessurtouslescouts.fr

 

DR Cotton Wood.