La campagne tient sa revanche

L’expérience du confinement dessine une nouvelle tendance dans le secteur de l’immo-bilier : les acheteurs semblent plus enclins à se mettre au vert, dans des maisons avec jardin.

Claire Brugier

Le7.info

Le secteur immobilier, à l’arrêt depuis deux mois, reprend doucement des couleurs. Ou plutôt une couleur en particulier : le vert. Pour une raison rebattue ces dernières semaines : « L’expérience du confinement n’a pas été vécue de la même façon en ville et à la campagne, rappelle Benjamin de Tugny, de l’Agence Pierre, à Châtellerault. La crise, économique et financière, en 2008, avait entraîné une baisse du pouvoir d’achat et s’était traduite par un retour à la ville. Aujourd’hui, la crise est sanitaire, de société, elle va modifier nos façons de vivre. Je pense qu’il va y avoir un retour à la campagne. »

Ses confrères poitevins n’en sont pas moins convaincus. Manager général de Déclic Immo 86, Eric Hanin cite même l’exemple de « personnes qui avaient une maison à vendre à la campagne et qui reviennent sur leur décision ou souhaitent un temps de réflexion supplémentaire ». Lui aussi penche pour « un retour vers des maisons un peu isolées », dans la limite du raisonnable. « Les gens sortent de leur balcon où ils ont passé deux mois, ils ne sont pas à la recherche d’un grand terrain de 2 000 ou 3 000 m2, qui demanderait de l’entretien, mais juste d’un espace qui leur permette d’être dehors. » En la matière, la Vienne est bien dotée. « Nous sommes dans une région qui propose de très beaux produits à prix attractifs à dix ou quinze minutes d’un centre-ville, proches de services, avec un bâti de qualité, des jardins de 1 000m2 et plus qui permettent d’avoir un potager, un verger... », confirme Benjamin de Tugny.

Le télétravail, allié de la ruralité

Avec le développement du télé-travail, la ruralité pourrait drainer davantage d’acheteurs hors département, Parisiens notamment (la remontée des Bordelais est moins probable, selon les professionnels). Ils pourraient s’enticher de petits coins de verdure à une heure et demie en TGV de la capitale. « Nous l’espérons et nous dirigeons notre communication en ce sens, confie Xavier Robelin, directeur du Groupe Mercure. Nous avons eu beaucoup de demandes par mail pendant le confinement, pour des biens de tous types, à la campagne. L’immobilier est moins cher en province et certaines personnes se rendent compte qu’au prix d’un 50m2 à Paris ils peuvent acheter une belle propriété ici. »

L’effet confinement pourrait donc s’exprimer dans une sorte d’ « exode urbain », en faveur de secteurs parfois un peu oubliés. « On pourrait avoir davantage de demandes sur Loudun par exemple, anticipe Eric Hanin. Ou dans le sud-Vienne.» Une vraie opportunité dans un contexte où « la clientèle anglaise, traditionnellement très présente dans ce secteur, a plus de mal actuellement ». La campagne, « devenue essentiellement un marché de résidences secondaires » selon Benjamin de Tugny, s’apprêterait donc à détrôner la ville.

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