Coup de frein sur les gîtes

Le secteur du tourisme est fortement touché par la crise sanitaire. Confinement oblige, les gîtes et chambres d'hôtes ont croulé sous les annulations, alors que 2020 s'annonçait pourtant comme une bonne année pour la location saisonnière. Témoignages.

Steve Henot

Le7.info

La Villa lunoterie aurait dû accueillir ses premiers occupants à la mi-avril. Mais c'était sans compter sur la crise sanitaire qui a contraint Mario Etienne à repousser l'ouverture de ses trois gîtes et deux chambres d'hôtes à Oyré, près de Châtellerault. « On a eu un peu peur, on s'est dit que l'année était fichue », confie le propriétaire de ce grande corps de ferme remis à neuf. Mais le déconfinement vient heureusement de lui livrer ses premières réservations. « Ça commence à venir, principalement des gens des alentours », observe le jeune homme.

« On redémarre très doucement, note pour sa part Joël Compain. Les clients seraient partants pour venir mais personne n'a encore de visibilité aujourd'hui. » Le vice-président des Gîtes de France de la Vienne dépeint une « situation pas brillante » pour les 330 adhérents du réseau, avec 65% de pertes de chiffre d'affaires sur les mois de mars, avril et mai. La fermeture du Futuroscope, destination phare du département, et l'annulation de nombreux événements culturels n'aident en rien à se projeter sur la saison estivale. « La clientèle étrangère, il faut oublier, assure le propriétaire de deux gîtes à Lathus-Saint-Rémy. Sans compter que les locations des centres de plein air sont toutes tombées à l'eau. » Le plan tourisme présenté jeudi dernier par le Premier Minsitre Edouard Philippe ont quelque peu rassuré les propriétaires de gîtes et de chambres d'hôtes sur la période estivale. Ils comptent aussi beaucoup sur l'arrière-saison, à la condition que les principaux sites touristiques du département aient rouvert leurs portes d'ici septembre.

+205% d'annulations qu'en 2019

En attendant, la crise sanitaire est là et les hôtes se doivent désormais de présenter certaines garanties à leurs clients. Des plateformes comme Airbnb ont d'ailleurs fixé un protocole coronavirus pour les locations saisonnières. « On a acheté du gel hydroalcoolique en grosse quantité et du spray désinfectant bactéricide que l'on pulvérise entre deux passages », explique Mario Etienne. Plus long, le temps de nettoyage oblige les hôtes à ajuster la mise à disponibilité de leurs chambres.

Avec pas moins de 205% d'annulations en plus que 2019, Joël Compain s'attend inévitablement à des pertes « entre 35 et 40%, en fin d'année ». La crise est d'autant plus mal tombée que le début d'exercice était encourageant pour les hôtes de la Vienne, avec plus de 10% de chiffre d'affaires rien qu'en février. Ce coup de frein menace particulièrement ceux dont la location saisonnière est la principale activité. Même si, pour l'heure, aucune fermeture définitive n'est à déplorer au sein du réseau.

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