Profession bénévoles : jeunes et altruistes

Confinement oblige, les jeunes en service civique à l’Association de la fondation étudiante pour la ville (Afev) de Poitiers ont dû rivaliser d’imagination pour continuer d’accompagner les élèves qu’ils suivent depuis plusieurs mois. Malgré tout, leur expérience de bénévole restera très enrichissante.

Arnault Varanne

Le7.info

Jusqu’à la fin de la semaine, Tania Cardin est l’ambassadrice officielle des universités pour l’Afev Poitiers. Même si depuis deux mois sa mission d’accueil des étudiants et de création d’événements à leur intention a perdu un peu de son sens, la jeune femme de 21 ans ne s’est pas tourné les pouces pendant le confinement. « A l’Afev, chaque volontaire en service civique suit un jeune dans sa scolarité », précise-t-elle. Depuis septembre, Tania accompagne Nadia. L’élève en 6e au collège Henri IV, à Poitiers, n’a pas perdu le contact avec sa « tutrice ». Certes, les séances au domicile de Nadia, avec invitations à dîner ensuite, ont cessé. Mais la relation a perduré à distance. Avec une conclusion : « Savoir qu’on fait du bien aux autres, ne serait-ce qu’à une seule personne, qu’on influence sa vie, est une réelle satisfaction », admet Tania. Nadia a vu ses notes remonter au fil de l’année scolaire. 

« Prendre confiance en moi »

Donner de son temps, la Saintaise le fait depuis l’adolescence. Elle ne découvre donc pas le mot bénévolat, même s’il ne fait pas spontanément partie de son vocabulaire. « Se sentir utile. » Le mot est lâché par Clémentine Beguier. Egalement en service civique à l’Afev Poitiers, la néo-bachelière a été affectée au collège Ronsard, dans le cadre du dispositif Devoirs faits. Avec la conclusion que l’on sait, hélas. « On s’est dit au revoir mi-mars, mais on ne se reverra pas, souffle-t-elle. Cette expérience m’aura quand même permis de prendre confiance, de me révéler à moi-même. » Pendant le confinement, Clémentine a continué sa tâche de bénévole auprès de plusieurs jeunes, en demande de soutien scolaire. « Pendant l’année, j’allais à la médiathèque ou à la ludothèque avec une enfant en CM1. Avec le confinement, j’ai aidé d’autres jeunes, collégiens notamment, pour leurs devoirs. WhatsApp, mails, appels... Celle qui se destine au métier d’éducatrice spécialisée -elle a postulé à l’Institut régional du travail social- reviendra donner de son temps pour les autres, c’est certain. 

« Concilier les emplois du temps »

Du haut de ses 23 ans, Annick Fitiavana Rahelison apprécie aussi son passage à l’Afev, comme référente en accompagnement individuel. Autrement dit, en charge de suivre les bénévoles et de faire le lien avec les familles. « C’est parfois difficile de fidéliser les bénévoles, admet l’étudiante en 3e année de faculté d’administration économique et sociale (AES). Il faut arriver à concilier les emplois du temps. » Annick remarque cependant que l’accompagnement des jeunes constitue souvent « un vrai plus quand on veut devenir enseignant ». Elle s’est « ouverte sur l’extérieur » et a rencontré « beaucoup de gens » en neuf mois de mission. A l’instar de Tania et Clémentine, elle recommencerait sans hésiter une seconde. 

 

 

Qui sème sur Discord récolte les compliments 

Si la solidarité s’est organisée sur le front sanitaire, elle est loin d’avoir été absente dans les autres domaines. Illustration avec l’initiative spontanée de trois étudiants de la faculté de maths de l’université de Poitiers. Au lendemain du premier discours du Président de la République, le 16 mars, Alexis, Oliver et Zouhir ont eu l’idée de soutenir les collégiens et lycéens pendant la période de confinement. En maths, ça va de soi puisque les trois amis sont en Licence 3 maths-statistiques. « On a créé la page Facebook « Aide soutien scolaire/Corona Time » et posté un message sur la page de l’université de Poitiers pour trouver des étudiants volontaires dans d’autres domaines », explique Zouhir. Un retweet du twittos Yvan Monka a fait le reste. Plus de cinquantaine d’étudiants-professeurs, spécialistes des langues, de chimie ou de biologie, distillent leurs bons conseils sur la plateforme de gamers Discord. En à peine une semaine, une centaine de collégiens et lycéens -et leurs parents- s’étaient déjà connectés. Le principe est simple, les profs d’un jour expliquent le contenu des cours et aident à résoudre les exercices. Après deux mois, le dispositif d’entraide scolaire fonctionne toujours. « Nous avons même été sollicités par le Toit du monde pour aider des enfants qui n’avaient pas d’accès Internet permanent, reconnaît Zouhir. Sept étudiants participent ainsi à l’opération Mentorat d’urgence(*) pour venir en aide à des élèves en situation de décrochage pendant la période de confinement. « A la base, nous pensions aider quelques jeunes, c’est une belle surprise ! » A tel point que plusieurs administrateurs, Victoria Suard, Alexis Bourguignon et Marie-Amélie Caillaud, envisagent désormais de créer une association pour assurer du soutien scolaire toute l’année. Bénévolat, quand tu nous tiens... 

Plus d’infos sur la page Facebook « Aide soutien scolaire/Corona Time »

(*)L’Afev a lancé avec d’autres associations un appel à bénévoles en s’appuyant sur la plateforme lementorat.fr. Cet outil permet à la mise en relation des volontaires qui souhaitent donner une heure de leur temps chaque semaine jusqu’à la fin de l’année scolaire et les jeunes qui en ont besoin. 

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