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Bâtiment : la reprise en douceur
Catégories : Economie, Covid-19, Entreprise Date : vendredi 15 mai 2020Quasiment à l’arrêt depuis la mi-mars, le secteur du bâtiment redémarre son activité avec toutes les précautions d’usage. Et des inquiétudes sur l’avenir économique des entreprises malmenées par la crise sanitaire.
80. S’il ne fallait retenir qu’un chiffre, ce serait celui-là. 80% des entreprises du BTP dans la Vienne ont stoppé tout ou partie de leur production pendant sept longues semaines. Sur l’ensemble des salariés soumis au chômage partiel, 14% étaient des employés du secteur. « Et encore, précise Jérôme Beaujaneau, président de la FFB86, en avril cette proportion a augmenté. » Le Covid-19 et son corolaire, le principe de précaution, sont passés par là. Les chantiers, sauf ceux touchant à des domaines stratégiques, ont cessé sur le champ.
L’heure est désormais à la reprise, avec une multitude de problématiques à gérer pour les chefs d’entreprise. A commencer par la protection des salariés. « De notre côté, nous avons redémarré en début de semaine dernière, témoigne Thierry Breuil, dirigeant de l’entreprise éponyme. Nous voulions nous assurer que toutes les modalités établies par les autorités pouvaient se mettre en place sur le terrain. » En pratique, le masque (en tissu réutilisable), la visière ou les lunettes de sécurité et les gants « métier » font partie de l’équipement de chaque compagnon. Sans compter la désinfection quotidienne des réfectoires, vestiaires... Le dirigeant le reconnaît aisément, « faire des efforts avec un masque toute la journée n’est pas simple et entraîne fatalement une perte de rendement. » La Fédération française du bâtiment estime que « le coût d’équipement » représente en moyenne « entre 5 et 8% de la valeur d’un chantier » et la « perte de productivité jusqu’à 25% ». « Des coûts que l’on ne peut pas répercuter sur nos clients », indique Thierry Breuil qui prédit, au final, « une facture très lourde ».
« Une inquiétude pour l’avenir »
Si dans le gros œuvre la distanciation physique s’avère compliquée à observer, les difficultés sont au moins aussi aigües dans le second œuvre. Olivier Dumuis n’a pas sollicité le dispositif de chômage partiel, mais a en revanche « joué sur les congés, les récupérations, quelques jours de vacances... » « Sur mon entreprise de signalisation routière (Sign 86), ce n’est pas le Covid-19 qui nous a arrêtés, mais plutôt nos clients des travaux publics et les collectivités ! » Dans son autre entreprise, Dumuis peinture, l’heure de la rentrée a sonné fin avril. Avec, là aussi, les équipements de protection ad hoc, du gel hydroalcoolique... Mais aussi des interrogations sur certaines mesures. « Franchement, il faut penser aux salariés, souffle le chef d’entreprise. Qui « vit au jour le jour » en attendant des lendemains plus sereins. « La seule chose dont je sois sûre, c’est que cette crise va faire des morts sur le plan économique. »
Benoît Labrunie ne cache pas non plus que l’avenir s’annonce compliqué dans le BTP. « Beaucoup de nos ressortissants nous disent être en difficulté, abonde le secrétaire général de la Capeb Vienne. Fin avril, 50% des entreprises sondées nous indiquaient avoir moins d’un mois de trésorerie devant elles, 19% moins de quinze jours. »
Et les apprentis ?
Le CFA des métiers du bâtiment de Saint-Benoît projette de rouvrir ses portes fin mai, en priorité aux apprentis qui doivent passer un examen, sont en première année ou ont décroché. Des référents Covid-19 seront désignés pour s’assurer que le protocole sanitaire est respecté. Les apprentis, eux, peuvent retourner en entreprise, même si les messages du ministère du Travail et de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics ont entretenu une forme de flou.
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