L’économie au point mort

Les mesures prises par le gouvernement concernant le Covid-19, la semaine dernière, ne sont pas sans incidence sur la vie économique de la Vienne. Beaucoup d’entreprises et associations y laissent déjà des plumes.

Steve Henot

Le7.info

Les lieux ouverts au public sont aujourd’hui une denrée rare. Dimanche, pour faire face à la propagation du Coronavirus Covid-19, les cafés, restaurants, cinémas et discothèques ont été contraints de cesser toute activité. Les autres commerces n’ont pas été épargnés, à l’exception de ceux jugés « essentiels » par le gouvernement, à savoir les magasins et marchés alimentaires, pharmacies, stations-essence, banques et bureaux de tabac et de presse. Les services publics restent également ouverts. Ainsi que les lieux de culte, qui sont toutefois dans l’obligation de reporter leurs cérémonies et rassemblements.
Un peu plus tôt, les mesures prises par les collectivités et le gouvernement ont  d’abord entraîné la fermeture des salles telles que le Théâtre-auditorium de Poitiers, le Confort moderne, La Hune ou encore les 3T à Châtellerault et donc, l’annulation ou le report des spectacles qui devaient s’y tenir. Les médiathèques et musées sont logés à la même enseigne. Quant au Futuroscope, destination touristique phare du département, il a lui aussi dû fermer ses portes, samedi soir. Dans ce contexte d’épidémie, le parc de loisirs avait déjà enregistré plus de 4 000 annulations de visites scolaires ces derniers jours. Du chômage partiel y a été mis en place (450 personnes en CDI).

« Quatre mois réduits à néant »

Les rassemblements publics étant interdits, le président de l’association civraisienne La Ch’mise verte a été contraint, le 9 mars, d’annuler le premier Hors-Série#1 du festival Au Fil du Son, qui devait pourtant se tenir au parc des expositions de Poitiers. « C’est un travail de quatre mois qui a été réduit à néant », se désole Hervé Bernardeau. Plusieurs semi-remorques étaient chargés, des bénévoles mobilisés… Et les cachets aux artistes avaient déjà été versés, comme c’est souvent la règle. Seulement, l’assurance annulation du festival -de 4 000€- ne couvre pas le risque épidémique… « Maintenant, c’est de la négociation », explique Hervé Bernardeau. Report de dates ou annulation ? « Les avis sont complètement différents d’une maison de production à l’autre. On ne veut pas aller au clash mais si on doit perdre 15 000€, on sera obligé de régler ça devant le tribunal. » Le Hors-Série reposait sur un budget « mesuré » de 165 000€, contre 1,2M€ pour le festival d’été. « Les conséquences ne seraient pas les mêmes… » Malgré tout, le président de la Ch’mise verte estime que cette annulation « pourrait nous coûter plus de 100 000€ » et anticipe déjà un « manque de trésorerie » à la fin de l’année. Par effet boule de neige, l’annulation d’événements tels que la Gamers Assembly a un impact sur l’activité de bon nombre d’entreprises, quelle que soit leur taille. Le traiteur Nicolas Chedozeau a vu 90% de réservations annulées ce mois-ci. « C’est simple, on est passé d’un chiffres d’affaire de 86 000€ à 7 000€… » Pour faire face, le gérant du Panier poitevin a décidé d’appliquer du chômage partiel (2 ou 3 salariés, sur les 9 temps plein) et de piocher dans sa trésorerie. Une solution qui ne pourra se prolonger au-delà du mois d’avril, lequel s’annonce déjà compliqué (30 000€ d’annulations). « On compte sur la grosse saison des mariages prévue cet été. On va essayer de faire marcher la solidarité, en faisant gonfler les acomptes. Les clients vont devoir jouer le jeu, j’ai déjà eu quelques retours positifs. » Inédite, cette situation de quasi black-out devrait laisser des traces, selon Hervé Bernardeau : « Le Coronavirus va sans doute faire plus de mal aux entreprises que de morts en France. »

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