Aujourd'hui
Le facteur sonnera quatre fois
Catégories : Société, Santé, Covid-19, CHU Date : vendredi 17 avril 2020Devant le tollé suscité par la réduction à trois jours de la distribution des courriers, colis et presse, La Poste essaie de revoir sa copie. Sur le terrain, la tournée est devenue pour les facteurs un exercice très solitaire.
« Au lieu de prendre à 7h10, je commence à 6h50, car il ne faut pas plus de la moitié des effectifs au bureau en même temps. » Facteur à Châtellerault, Emmanuel s’adapte avec une certaine bonhomie. Désormais, les facteurs ayant une tournée en ville, dont il fait partie, embauchent à 6h50, et ceux ayant des tournées en campagne prennent leur service à 8h55, lorsque les premiers se sont envolés.
Emmanuel, lui, circule à vélo. « C’est une mauvaise période à passer. Mais il fait beau, on prend l’air… », lance-t-il avec sagesse. Reste que « je ne vois plus personne. Avant, lorsque les gens étaient dehors, on parlait un peu. Aujourd’hui je ne discute plus. Et puis on sent que les entreprises sont fermées, il y a beaucoup moins de courrier. » Un ressenti que confirme le service communication de La Poste Nouvelle-Aquitaine. « Au niveau du courrier, nous observons une baisse de 20% du trafic journalier moyen. » Rien d’étonnant à cela. « En temps normal, 90% du courrier va d’entreprise à entreprise ou d’entreprise à particulier. » Parallèlement, les colis affichent une hausse de 20% sur les Colissimo, une baisse sur les « petits paquets internationaux », d’ordinaire très nombreux, et davantage de colis en Chronopost. « Nous en acheminons plus qu’à l’accoutumée et souvent des gros gabarits », déplore le service communication, citant l’exemple de… débroussailleuses. « Ces colis hors normes sont difficiles à transporter et sont un vrai frein pour nos facteurs dans le contexte actuel. Ils ne peuvent pas tout charger lors de leurs tournées. La distribution est conditionnée par les volumes. Actuellement, nous ne pouvons plus tenir nos engagements clients. »
Plus de 90% des tournées assurées
Selon le service communication, les chiffres précis sur les personnels manquant à l’appel dans la Vienne se sont pas significatifs. « Nous faisons en sorte que les agents travaillent trois jours, suivis de quatre jours de confinement, pour donner la priorité à la santé. » Ce sont pourtant les effectifs qui sont mis en avant comme raison principale à la réduction à trois des jours de tournée, soit du mercredi au vendredi. La décision a fait grand bruit dans les médias, tant et si bien que La Poste pourrait revoir sa copie dès cette semaine, comme elle l’a fait pour les abonnements de presse, désormais distribués également le lundi ou le mardi.
« Actuellement, sur Poitiers, 100% des tournées de facteurs sont assurées et plus de 90% chaque jour dans le reste du département. Il y a quelques semaines, c’était plus compliqué, mais nous ne sommes jamais tombés en deçà de 80%. » Le service communication se veut rassurant. « Nous nous adaptons en permanence par rapports aux recommandations des autorités de santé et du gouvernement. En fournissant des équipements à nos personnels (masques, gels hydroalcoolique, accès à un point d’eau…), en reconfigurant les sites avec des marquages au sol pour respecter les distances de sécurité, notamment dans de gros centres comme à Migné-Auxances, mais aussi à travers la notion de brigades. »
Bientôt 41 bureaux de poste ouverts dans la Vienne
Sur les réseaux sociaux, les récriminations ou réclamations en faveur de l’ouverture de davantage de bureaux de poste pleuvent. « Nous fonctionnons avec une logique de socle, répond le service communication de La Poste Nouvelle-Aquitaine. Nous ouvrons les bureaux en mode dégradé, c’est-à-dire progressivement, quand les moyens humains et matériels le permettent. Car il faut prévoir des bandes au sol, des Plexiglas… Dans la Vienne, nous avons commencé par ouvrir treize bureaux, puis vingt actuellement et quarante et un à partir de la semaine prochaine » Aux bureaux de poste, s'ajoutent, en Poitou-Charentes 210 agences postales communales et des relais chez des commerçants.
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