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Dans les Ehpad, la difficulté du confinement
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 07 avril 2020Principe de précaution oblige, les Etablissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et résidences autonomie protègent au maximum leurs résidents contre le Covid-19. Reste à trouver le bon équilibre pour ne pas affecter leur santé mentale.
Jusque-là, tout va bien... Les deux Ehpad et trois résidences autonomie gérés par la Ville de Poitiers ne déplorent à ce jour aucun décès lié au Coronavirus(*). Pour le plus grand soulagement des personnels qui veillent tous les jours sur plusieurs centaines de personnes âgées forcément vulnérables en ces temps de crise sanitaire majeure. A Poitiers comme ailleurs, le confinement en chambre est la règle, mais celle-ci s’applique avec un maximum de discernement, comme l’a demandé le Comité consultatif national d’éthique dans un avis rendu le 30 mars : « La préservation d’un espace de circulation physique, même limité, nous semble impératif en dépit des mesures d’isolement, afin d’éviter que le confinement, quelle que soit sa justification au regard des impératifs de santé publique, ne devienne pour ceux qui n’ont plus la liberté de choisir leur cadre et leur mode de vie, une mesure de coercition. »
Le lien par l’écran
A la résidence Edith-Augustin de Bel Air, Bernard Lemée s’accommode de la situation. Sa fille habite à moins d’un kilomètre, mais les échanges avec elle se font désormais via WhatsApp, sur une tablette prêtée par la résidence. « Je n’ai pas à me plaindre », indique le nonagéraire qui joue par ailleurs aux échecs ou au Triominos. Animateur au sein de la résidence, Wilfried Moal s’efforce comme ses collègues de maintenir le lien social avec l’extérieur. « Certains résidents me demandent depuis quand on peut voir la personne sur l’écran ! » Au-delà, les personnes âgées s’accordent de courtes sorties au grand air, à la carte bien sûr. « On est sur la corde raide, reconnaît Valérie Jourdain, directrice du service personnes âgées au CCAS, obligés de composer entre la protection de tous et la prise en compte des aspirations de chacun. »
« Le confinement ne doit pas se transformer en enfermement »
Pour Michel Billé, hors de question de se soustraire aux règles de protection les plus basiques dans les Ehpad. « Tout est compliqué en ce moment et celui qui va venir donner des leçons est gonflé. J’ai beaucoup de respect pour le travail accompli par les directeurs et leurs équipes... » Cela dit, le sociologue poitevin appelle à proportionner les mesures. « Le confinement est nécessaire, mais rien ne justifie qu’il se transforme en isolement. S’il doit parfois se transformer en isolement, il ne doit pas se transformer en enfermement. » Michel Billé s’inquiète tout particulièrement de « la détresse mentale » qui guette les résidents privés de contacts avec leurs familles. A fortiori ceux atteints de maladies neurodégénératives.
« Moralement, le confinement va faire beaucoup de dégâts », abonde Olivier Piroëlle. Dans les deux établissements qu’il gère, le lien avec l’extérieur se fait via une page Facebook. Et des tablettes permettent aux résidents de se connecter avec leur famille par Skype. « C’est le minimum de ce que nous pouvons faire, directeur du Logis des cours à Béruges et du Logis du Val de Boivre, à Vouneuil-sous-Biard. Maintenant, les résidents ont évidemment moins de lien social, s’embêtent davantage, bougent moins... Tout cela est préjudiciable. » Au milieu de la grisaille, Olivier Piroëlle salue cependant la solidarité qui s’exprime, les dons spontanés de masques, de gel hydroalcoolique, « l’ambiance extraordinaire parmi les personnels »... « J’espère que le regard sur les Ehpad va changer », conclut le professionnel.
(*) Le nombre de décès à l’échelle nationale s’élève à plus de 2 400. Dans la Vienne, l’Ehpad de La Puye a été durement touché avec 11 victimes.
Le ministre de la Santé Olivier Véran a annoncé hier soir qu’une campagne de dépistage massif sera réalisée dans les jours à venir. L’objectif est de « tester tous les résidents et personnels à compter de l’apparition du premier cas confirmé de malade de Coronavirus au sein de l’établissement, indique le ministre. Cela permettra notamment de regrouper les cas positifs au sein de secteurs dédiés au sein des Ehpad, pour éviter la contamination des autres résidents, et aussi de prendre des dispositions appropriées à l'égard du personnel selon les résultats des tests. »
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