
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
Hervé Stevenin, vous avez participé, en 2014 avec la Nasa, à Neemo 19, une simulation de mission martienne en immersion pendant une semaine dans le module Aquarius, par 20m de fond, au large des îles Keys (Floride). Quels souvenirs en gardez-vous ?
« Ce fut une expérience extraordinaire très proche d’une vraie mission spatiale. Comme nous respirions une atmosphère à pression ambiante (3 bars), nous étions saturés en azote, ce qui nécessite un protocole de désaturation de plus de quinze heures pour revenir à la surface. Les risques vitaux étaient réels et nous étions très concentrés à appliquer correctement les mesures de sécurité. Cette attitude et notre isolement à une heure de bateau de la côte a resserré intensément la cohésion de l’équipage. Comme pour un entraînement en scaphandre spatial (dans lequel on est cloitré pendant 6 heures), ce confinement est de suite inconfortable, alors il faut vite prendre sur soi et l’accepter mentalement pour le supporter dans la durée. Nous avions établi un lien presque affectif avec notre module nous protégeant de l’environnement hostile à l’extérieur et la notion de « «vaisseau mère » a pris un nouveau sens évident pour nous. Les contacts avec le reste du monde (centre de contrôle, familles) devinrent très importants pour nous. Même les interviews prenaient une dimension essentielle à notre bonne humeur. Le besoin de partager notre expérience et de nous sentir soutenus était vital. »
Quelles différences faites-vous entre un confinement spatial et celui actuellement mis en place en Europe ?
« Dans une mission spatiale, l’extérieur du vaisseau est létal alors que nous pouvons ouvrir les fenêtres de notre habitation sans mourir instantanément. Dans la station spatiale internationale, le confort est bien plus limité que chez nous : pas de douche, presque jamais de légumes et fruits frais, peu de vêtements de rechange, pas d’accès libre à Internet ou aux chaînes de télévision et aucun son ou odeur en provenance de l’extérieur. Il faut de longues heures et une rentrée atmosphérique éprouvante pour espérer voir d’autres humains et les missions spatiales durent en moyenne six mois. Alors notre confinement pour lutter contre le Covid-19 est bien moins contraignant. »
Selon votre expérience, comment aborder ce confinement ?
« Il est très important de vivre ce confinement comme quelque chose de positif. Il ne faut pas le ressentir comme une contrainte désagréable qui nous emprisonne, mais plutôt considérer son domicile comme un cocon protecteur pour notre bien-être. Il nous protège du danger d’être contaminés par le Covid-19 et nous permet individuellement de protéger les autres dans un grand élan de solidarité collective. Il nous donne aussi une belle opportunité d’être créatifs et de découvrir de nouvelles ressources dans notre capacité d’adaptation. »
Quels conseils donneriez-vous aux personnes qui vivent mal ce confinement ?
« Vivez donc cette nouvelle expérience comme une mission spatiale avec votre domicile pour vaisseau mère et votre famille pour équipage ! C’est le sens de mon tweet du 17 mars (lire ci-dessous). Prenez pleinement conscience des risques à vous rendre à l’extérieur et restez informé. »
Nous sommes tous des « covidnautes », unis et solidaires pour réussir ensemble une mission essentielle pour l’humanité ! Alors, bonne mission à nous tous ! »
Mission COVID-19: l'Humanité explore de nouvelles capacités et repousse ses limites. Restez chez vous ds votre vaisseau spatial "Sweet Home" & prenez soin de votre équipage familial. C'est notre responsabilité individuelle & collective. Bonne Mission! #NousSommesTousCovidnautes pic.twitter.com/Qwx2tgmhJV
— Hervé Stevenin (@ESAstro_trainer) March 17, 2020
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