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Quelle place pour la culture ?
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mercredi 26 février 2020Chaque année, les collectivités dépensent entre 8 et 10 milliards d’euros dans la culture. Mais face à la crise générale des finances locales, des événements tels que le Hors-Série d’Au Fil du Son s’en remettent au mécénat ou au sponsoring privé. Une autre façon de faire vivre les territoires.
Les coups de fil se succèdent, avec plus ou moins de succès. Depuis quelques jours, une dizaine d’étudiants en BTS Négociation digitalisation et relation client, à Saint-Jacques-de-Compostelle, épaulent l’équipe d’Au Fil du Son dans sa quête de nouveaux partenaires privés, aux alentours de Poitiers. L’organisation prépare son premier Hors-Série, qui se déroulera les 12 et 13 mars prochains, au parc des expositions.
Ces dernières années, le festival civraisen s’est beaucoup appuyé sur le sponsoring et le mécénat. Plus que sur les subventions publiques. « Du jour au lendemain, un changement de politique culturelle peut tout faire basculer. On l’a vu avec les Nuits romanes (*), justifie Thibaud Chalinge, l’un des responsables de la commission partenaires. On a besoin des subventions publiques mais il ne faut pas tout miser là-dessus. C’est pourquoi, depuis la tempête de 2014, on fait davantage appel aux partenaires privés. »
A Poitiers, 2e budget derrière l’éducation
Pour le Hors-série poitevin, l’organisation s’appuie d’ores et déjà sur une bonne dizaine de mécènes et sponsors privés (contre une centaine pour le festival d’été). K-Space assure par exemple la diffusion de messages publicitaires sur ses vitrines, en plein cœur de Poitiers. L’entreprise a été séduite par l’événement. « On apprécie la façon dont il est mené, on est touché par toutes ces personnes qui se mobilisent », confie Emeline Charbonnier, la responsable du développement commercial.
Ce n’est pas tout. « Sur le Hors-série, ils visent une clientèle différente du festival d’été -les étudiants- qui est mon cœur de cible. Il était donc intéressant d’associer leur belle image de marque à mon entreprise », explique Samuel Robert, gérant du laser game Evolution Poitiers, sponsor à hauteur de 380€. « A travers la culture, il y a aussi la possibilité de faire des rencontres. Notre intime conviction est que participer à ce genre d’opération fait grandir l’entreprise », ajoute Emeline Charbonnier. Ou l’occasion de « réseauter » dans un cadre moins formel. « On crée du lien par la culture. Les entreprises participent ainsi à la dynamique du territoire », soutient Thibaud Chaligne.
C’est une réelle alternative aux politiques locales qui sont parfois fragilisées par les baisses de budget, les fermetures de lieux ou certains transferts de propriétés vers l’Etat. Poitiers fait toutefois figure d’exception, avec un budget dédié à la culture -le deuxième derrière l’éducation- qui est passé de 14,9M€ à 17,7M€, entre 2017 et 2019. Rappelons que la Ville a signé avec l’Etat en avril 2015 un Pacte culture, synonyme de maintien sur trois ans de leurs financements respectifs. A noter enfin que Traversées/Kimsooja a été possible grâce à des financements privés. L’usage futur du palais des Ducs d’Aquitaine, un de lieux phares de cet événement, est d’ailleurs un enjeu des élections municipales…
(*) Ce festival a été arrêté en 2016 car jugé trop cher par le président de la Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset.
Alain Claeys entend « faire de l’éducation artistique et culturelle une priorité ». Le maire sortant veut créer aux Couronneries un espace culturel et un lieu dédié à la musique. Il souhaite « améliorer la connaissance » du palais des Ducs d’Aquitaine et y imaginer de nouveaux usages culturels, tout en renouvelant Traversées.
Manon Labaye (NPA) défend la « gratuité des services des médiathèques, des musées » et le développement d’espaces d’exposition, de réunion et de création. Elle envisage de « transformer l’ancien palais de justice en un musée international des luttes émancipatrices et des solidarités collectives ».
Anthony Brottier se prononce lui aussi pour la création de lieux ouverts visant à « favoriser l’expression artistique ». Il veut associer les écoles aux manifestations et simplifier l’accès à la culture avec un « Pass culture » universel. Il imagine la création d’un centre culturel et de valorisation du Haut Moyen-Âge. Et veut faire du palais des Ducs d’Aquitaine le « trait d’union » entre Poitiers et le Futuroscope.
Christiane Fraysse (Osons 2020) prévoit, elle, « d’ouvrir des espaces de création et de représentation pour les artistes locaux et les habitants », notamment l’ancien palais de Justice. Elle souhaite préserver le patrimoine culturel et songe notamment à la création d’une Maison du Clain.
Léonore Moncond’huy (Poitiers Collectif) estime nécessaire de « poursuivre et généraliser l’éducation artistique sur le temps scolaire » et d’accompagner les acteurs artistiques et culturels. Quant au palais des Ducs d’Aquitaine, elle veut organiser des rencontres annuelles pour connaître les souhaits des habitants et imaginer avec eux les usages futurs du bâtiment.
Thierry Alquier (Poitiers Autrement) envisage la création du « premier festival des arts du zen » et des espaces « zen zéro stress ». Il se prononce pour « l’annualisation du campus » des associations (journée, ndlr) et entend, plus globalement, « créer de l’animation entre les quartiers ».
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