mardi 24 décembre
Les multiples usages de la forêt en font paradoxalement un espace très réglementé. Selon que l’on soit promeneur, chasseur, vététiste, propriétaire ou encore coupeur de bois, des précautions s’imposent. En voici sept.
Champignons : gare aux faux amis
Non seulement, de récents faits divers en témoignent, la cueillette des champignons trouble le sens de l’orientation, mais elle peut aussi nuire à la santé. « Il ne faut pas consommer n’importe quoi. Lorsque l’on est face à un champignon, il faut reconnaître ses caractères, explique Raphaël Hervé, président de la Société mycologique du Poitou. Par exemple, en ce moment, il y a une poussée d’entolomes livides, qui ressemblent beaucoup aux clitocybes nébuleux, eux comestibles. » Le spécialiste conseille de s’en référer à un mycologue ou à un pharmacien. Par ailleurs, « il faut consommer les champignons en petite quantité car ils contiennent de la chitine. Il ne faut pas les manger trop vieux, car ils peuvent acquérir de la toxicité, ni trop jeunes car, lorsqu’ils sont petits, la possibilité de confusion est plus grande ».
Propriété : à qui la responsabilité ?
92% des forêts de la Vienne et des Deux-Sèvres appartiennent à des propriétaires privés. « Ils ignorent souvent que la responsabilité civile forestière n’est pas incluse dans les contrats d’habitation classiques, constate David Lenoir, du Centre national de la propriété forestière (CRPF). En l’absence de clôtures, il y a une certaine tolérance par rapport aux promeneurs, mais s’il y a un accident, la responsabilité revient au propriétaire. »
Pas de bûcheronnage sans protection
« Beaucoup de particuliers achètent du bois sur pied et l’exploitent en omettant le port de protections. Or, le tronçonnage est une activité très dangereuse. » Pour le transport, évitez de surcharger les remorques. En cas d’accident, vous serez entièrement responsable.
Bois : vente sous conditions
« Autrefois, il était dans les usages de proposer : « Tu me fais mon bois et tu en gardes la moitié » », constate David Lenoir, mais « cette pratique est aujourd’hui reconnue comme du travail dissimulé. Si quelqu’un vient couper du bois sur sa parcelle, le propriétaire est tenu de faire un contrat de vente et l’acheteur s’engage à n’acheter que pour sa consommation personnelle. » Tout propriétaire a le droit de vendre sa production, en s’acquittant d’un forfait annuel à l’hectare.
Tiques : l’ennemi invisible
Aucune région de France n’est épargnée par les tiques (cf. citique.fr), et par extension par la maladie de Lyme. « Dans la Vienne, en raison d’une forte population de gibier, il y a beaucoup de tiques, qui ne sont pas toutes infectées », rappelle David Lenoir. Son conseil : bien s’examiner après toute sortie en forêt, « et jusqu’à quarante-huit heures après ».
Déforestation : sus aux idées reçues
Après toute coupe, le propriétaire a obligation de reboiser sous cinq ans. « Les deux essences principales qui sont replantées dans la Vienne sont le chêne et le pin maritime, selon le sol, les marchés globaux et la pression du gibier. Car le problème des feuillus est qu’ils sont très appréciés des cervidés... »
Urbanisme : le prix de la préservation
« Selon le code de l’urbanisme, le défrichement est interdit dans les espaces boisés classés au PLU (ndlr, Plan local d’urbanisme). Cela pose problème à certaines communes qui peuvent se trouver empêchées quand elles veulent agrandir un giratoire ou installer une antenne GSM. »
Superficie
Le taux de boisement national est de 33%, contre 18% dans la Vienne et 9% dans les Deux-Sèvres, avec une hausse régulière des surfaces boisées. Elles étaient de 104 000ha en 1984, de 113 000 ha en 1998 et aujourd’hui de près de 130 000 hectares. « On observe une augmentation de sa surface depuis des années, notamment sur des parcelles agricoles abandonnées car moins favorables. »
Forêts privées
92% de la forêt de la Vienne et des Deux-Sèvres appartient à des propriétaires privés. Ils sont plus de 42 000, qui possèdent entre quelques milliers de m2 et un millier d’hectares. Plus de 70% possèdent moins d’un hectare et 0,2% plus de 100ha, soit 2,3ha en moyenne par propriétaire.
Essences
Les forêts de la Vienne sont composées aux deux tiers de feuillus et pour un tiers de résineux.
Production
La forêt du département produit 19 millions de m3 de bois sur pied, en grande majorité de feuillus (chêne, châtaignier, robinier...). Le bois de chauffage représente 33%, le bois d’œuvre de résineux 19% des prélèvements, le bois d’œuvre de feuillus 27%.
Emploi
En 2014, le travail forestier concernait 124 établissements dans la Vienne, soit 132 salariés, ce qui correspondant à 5% des emplois de la filière bois (fabrication d’articles en bois, industrie du papier et du carton, bâtiment, fabrication de meubles, commerce...) qui génère plus de 2 700 emplois.
Exposition de saison
Jusqu’au 8 novembre, la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers accueille une exposition sur les champignons, ouverte à tous. Ce mardi soir (sur réservation au 05 49 45 43 64), une conférence sera animée par le Dr Stéphanie Pain, maître de conférences en toxicologie, et Raphaël Hervé, président de la Société mycologique du Poitou. Les deux spécialistes seront également présents lors de deux sessions d'exposition de champignons frais les mardis 29 octobre et 5 novembre, de 17h à 19h.
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