Municipales : cachez cette étiquette…

Affaiblis depuis 2017, les partis politiques n’auront presque pas voix au chapitre lors des Municipales de mars 2020, les candidats leur préférant s’effacer derrière le rassemblement ou l’ouverture.

Arnault Varanne

Le7.info

Sur et à l’intérieur de son local de campagne, seuls son nom et prénom et l’échéance des Municipales -2020- apparaissent distinctement. Sur sa page Facebook, Anthony Brottier se contente de la mention « candidat à la mairie de Poitiers ». A croire que Le Marcheur est gêné aux entournures par l’étiquette La République en Marche, mouvement qui l’a investi. L’intéressé s’en défend et plaide la nécessité d’une « dynamique de rassemblement » pour justifier la discrétion du logo LREM. A Châtellerault, le maire sortant Jean-Pierre Abelin promeut lui aussi une « candidature non partisane ». Aucun risque de le voir apposer le logo UDI ou Agir sur ses affiches de campagne. Tout comme Alain Claeys d’ailleurs qui, en 2014, s’était affranchi de la rose socialiste sur son document programmatique.

Une « cartographie politique partisane » ?

La place des partis traditionnels dans les Municipales n’a jamais paru aussi étroite. La « disruption macronienne » de 2017, dont l’objectif visait à transcender les clivages, est plus que jamais à l’œuvre. Car jusqu’à cette date, la logique transpartisane concernait avant tout les petites communes. 90% comptent moins de 3 500 habitants. Et c’est précisément en-dessous de ce seuil que le ministère de l’Intérieur envisage de ne plus procéder à un nuançage, c’est-à-dire l’attribution d’une couleur politique par les préfets, source de beaucoup d’erreurs et de confusion.

« Assumer leur couleur politique »

« Les formulaires pour les déclarations de candidatures dans les communes de 1 000 habitants et plus prévoient que chaque candidat indique une étiquette personnelle et que le responsable de liste dévoile l'étiquette de la liste, explique la préfecture de la Vienne. Le candidat est libre du choix de son étiquette qui traduit ses orientations politiques. Ainsi, il peut déclarer, s'il le souhaite, une étiquette différente de celle de la liste dans laquelle il se présente. Il peut également choisir de se déclarer « sans étiquette ». » En novembre 2011, Yves Bouloux (ancien maire de Montmorillon, ndlr), alors président des maires de la Vienne, s’était fendu d’un courrier à tous ses collègues du département. Extraits : « Beaucoup d’entre vous ont été étonnés voire choqués (par le nuançage, ndlr), considérant que leur investissement dans la vie publique locale est dénué de liens avec la cartographie politique partisane… »

Rapporteur, à l’Assemblée nationale, du futur texte de loi « Engagement et proximité des élus », Sacha Houlié n’est pas favorable à ce qu’on « colle une étiquette à tous les petits candidats ». Mais le député de la 2e circonscription de la Vienne appelle en même temps les sortants à « assumer leur couleur politique, même dans des partis pas en très bon état ».

Pas sûr que la « repolitisation de la chose municipale » (Scha Houlié) soit en marche. La revalorisation des indemnités des maires et adjoints, la prise en charge des feais de garde des enfants lors des réunions ou le droit à la formation, autant de mesures contenues dans le texte, seront sans doute plus efficaces pour résoudre la crise des vocations.

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