Sealar retenu pour exploiter l’aéroport

Après des semaines de tensions entre Grand Poitiers et le Département, les membres du Syndicat mixte de l’aéroport de Poitiers-Biard se sont mis d’accord sur le choix d’un concessionnaire et le changement des statuts à partir du 1er janvier 2020.

Arnault Varanne

Le7.info

Le Comité syndical de l’aéroport de Poitiers-Biard a entériné cet après-midi le choix du délégataire amené à exploiter l’infrastructure à partir du 1er janvier 2020 et pendant les douze prochaines années. Il s’agit de Sealar, un consortium de trois entreprises (Insfo, CCIMP Infrastructures et TPFi) qui gère déjà Brest, Morlaix et Quimper et est actionnaire de l’aéroport de Marseille. Le successeur de Vinci Airports s’est fixé pour objectif 190 000 passagers par an à l’horizon 2031, contre 122 504 passagers prévus en 2020. Grand Poitiers, l’un des deux membres du Syndicat mixte, a obtenu qu’une clause de rendez-vous soit inscrite dans le contrat. Au terme de la sixième année d'exploitation, si la fréquentation réelle est inférieure de 25% au prévisionnel, le Syndicat mixte pourra mettre fin unilatéralement au contrat. Outre le développement de nouvelles lignes -quatre seraient envisagées, dont trois à l’étranger-, Sealar devra gérer deux autres dossiers : la réfection de la piste, estimée entre 3,5 et 4M€, et le réaménagement de l’aérogare. Le délégataire présentera son projet complet début novembre.

« Quand on a une priorité… »

L’autre décision du jour au sein du Comité syndical tient à la nouvelle gouvernance. Comme le président du Département et du Syndicat le souhaitait, les statuts ont été révisés, de sorte que le Département bénéficiera d’une majorité de sièges (11 sur 17) et versera donc une contribution plus élevée (65% contre 35% pour Grand Poitiers). Concrètement, aux 760 000€ versés annuellement, le Conseil départemental ajoutera 500 000€, soit 1,260M€. Interrogé sur la possibilité d’intégrer de nouveaux partenaires financiers, Bruno Belin répond sèchement qu’il « assumera ses responsabilités. Quand on a une priorité, il faut savoir la décliner. Quand on une ambition, il faut se donner les moyens de la réaliser. Je n’ai pas l’habitude de faire payer mes priorités par d’autres ». Le patron du « CD86 » argue que les 500 000€ supplémentaires sont à mettre en rapport avec les « 12M€ d’apport touristique extérieur » générés par les passagers de l’aéroport. De son côté, Anne Gérard, vice-présidente aux Transports de Grand Poitiers, s’est félicitée de « la volonté partagée de maintenir l’aéroport », sans nier les différences d'appréciation, sur le financement des compagnies low cost notamment. 

Sandrine Martin dénonce le contrat

Au sujet du financement des compagnies low cost, là aussi, l’élu réfute les arguments de la Chambre régionale des comptes qui, dans son dernier rapport, avait considéré qu’il « posait de nombreuses questions de régularité ». L’an passé, Vinci Airports avait versé 912 000€ (d’argent public) à une filiale de Ryanair. « Je ne me mettrai jamais dans l’illégalité. Ne seraient concernés par la directive européenne (applicable en 2024, ndlr) que les aéroports d’au moins 600 00 à 700 000 passagers. Ce n’est pas le cas de Poitiers. »

En marge de la conférence de presse, Sandrine Martin a dénoncé le contrat de concession avec Sealar. « Ces 500 000€ supplémentaires, on va les prendre sur le budget des compétences obligatoires. Et puis rien ne dit aujourd’hui dans le contrat que le délégataire n’aura pas besoin de fonds supplémentaires pour ouvrir des lignes low cost.», commente la cheffe de file des élus de gauche au Département. Elle s’étonne aussi que le prestataire « ayant le moins d’engagements environnementaux » ait été retenu.

 

 

 

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