Aujourd'hui
Plus qu’un simple débit de boissons, le café est un lieu de convivialité essentiel en milieu rural. Collectives ou individuelles, des initiatives comme le projet des « 1 000 cafés » existent pour lutter contre leur disparition inquiétante.
Longtemps, les villages de France ont vécu autour de leur école, de leur église, de leur café. Aujourd’hui, la première est souvent menacée faute d’effectifs suffisants. La seconde subit l’érosion du temps. Quant au troisième, il est quasiment en voie d’extinction. 52% des communes de moins de 3 500 habitants n’ont plus de petit commerce et « ce café, qui tenait historiquement un rôle de convivialité, n’existe pas ou plus dans 80% d’entre elles ».
Le projet « 1 000 cafés », que Chloé Brillon dirige au sein de l’association SOS, s’inscrit précisément dans ce contexte. Pourquoi recréer des cafés et pas des boulangeries ? « Le café est un bon espace de convivialité où se rencontrer et générer de l’initiative. »
L’appel à projets, lancé auprès des mairies le 12 septembre, a déjà recueilli plus de 300 candidatures, « majoritairement de communes entre 700 et 1 000 habitants ». Sept émanent de la Vienne où « la question des petits commerces est prégnante », confirme Lucie Bébin-Brossard. La directrice de l’association des maires du département énumère aisément les exemples d’initiatives locales, comme cet été à Adriers. « Lors de la fermeture annuelle de la supérette, c’est la mairie qui a assuré le dépôt de pain ! » Ou encore à Anché, village de 345 âmes au sud de Vivonne, où une association d’habitants, Les Pois Chiches, a récemment créé une épicerie-café.
Engagement personnel
Sur les 123 villages de moins de 1 000 habitants que compte la Vienne, seuls 58 ont encore un commerce de type café, restaurant, épicerie, multiservices et/ou dépôt de pain. A quelques kilomètres de Montmorillon, Saulgé n’en avait plus depuis presque deux ans. Le Ch’ti saulgéen a ouvert ses portes en janvier. Las de la vie dans la métropole lilloise, Sandrine Brunin a fait son « petit tour de France à la recherche d’un commerce à reprendre ». La désormais gérante du multiservices n’avait jamais mis un pied dans la Vienne, encore moins à Saulgé. 25 000€ d’investissement plus tard, elle ouvrait Le Ch’ti saulgéen. Un salon de thé est rapidement venu compléter l’épicerie, puis les relais Poste et Française des jeux, des pizzas les vendredi et dimanche, des planches le samedi, des animations avec les artisans locaux le vendredi... Sandrine Brunin essaie de répondre au mieux aux habitudes de consommation, et plus largement de vie de ses concitoyens. Son multiservices n’est pas un simple commerce, c’est un projet de vie. Comme souvent...
« Epuisés mais fiers »
A Gençay, Claire Marquis et les six autres co-gérants du Café Cantine, se relaient pour tenir le bistrot qu’ils ont ouvert en mai 2015, avec un apport initial d’environ 40 000€. « Le café est le support pour faire plein de choses, de la culture, du lien social, bien manger. » Et écouter de la bonne musique, elle aussi en circuit court. Les concerts, initialement un par mois, reviennent désormais tous les samedis. « Si on n’a pas de concert, on n’a pas de public, donc pas de clients, convient Claire Marquis. Il a fallu trois ans pour que l’on ait le sentiment de faire partie du paysage. Maintenant, nous nous sentons légitimes. Nous sommes épuisés mais fiers. » S’il ne se dégagent pas de salaire, les co-gérants ont relevé le pari humain. Ici comme ailleurs, l’équilibre reste fragile mais l’enjeu n’est autre que de lutter contre la fracture territoriale.
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