De la musique au journalisme

Patrice Mancino. 49 ans. Grand passionné de musique, a fondé Graf'Hit FM durant ses études dans l'Oise. Journaliste pendant un peu plus de quinze ans à l’agence de presse Reuters, s’apprête à prendre la direction de Radio Pulsar. Découvre Poitiers avec enthousiasme.

Steve Henot

Le7.info

Il a beaucoup écouté et assisté à quelques pilotes d’émission. Ce premier contact avec les équipes l’a ravi. La semaine passée, Patrice Mancino était de passage à Poitiers pour prendre le pouls de Radio Pulsar, dont il deviendra le directeur le 14 octobre, en lieu et place de Sylvain Cousin. « Je suis épaté par la qualité de ce que j’ai vu. Ce n’est pas de la radio bricolage, se réjouit cet homme de radio, qui connaissait déjà la station. C’est un petit monde. Quelqu’un que je connais dans une radio basée à Lyon m’a parlé du poste. J’ai donc postulé, mis tout mon cœur dans ma lettre de motivation. Et me voilà ! »

Venu de Paris, ce journaliste de bientôt 49 ans a été retenu parmi cinq candidats, dans le courant de l’été, pour son « parcours passionné et diversifié » a estimé le jury. Parcours qui témoigne avant tout d'une solide expérience. Durant ses études à l’Université de technologie de Compiègne, Patrice Mancino a créé Graf’Hit FM, radio locale indépendante qui vient de fêter sa 27e rentrée et capte chaque semaine près de 10 000 auditeurs dans l’Oise. « L’université insistait sur le développement personnel via des activités extrascolaires. J’y suis allé un peu comme un enfant. »

Esprit d’ouverture

Inspiré par l'élan de libéralisation des médias de 1981, Patrice s'est aussi rappelé au bon souvenir de Couleur 3, radio suisse qui a profondément marqué son adolescence dans l'Ain. « Pour sa ligne éditoriale franche et directe, notamment lorsqu’il s’agissait de traiter l’actualité française. J’y ai aussi découvert des artistes comme Radiohead, Midnight Oil ou encore Cabaret Voltaire, deux ans avant qu’ils arrivent sur les ondes FM françaises. » De l'information donc, commentée, et de la musique, éclectique, qui posent les bases de Graf'Hit. Une radio « aux profils très divers, d’ingénieurs, d’artistes de théâtre, musicaux... De personnes ouvertes au monde, qui faisaient la richesse de la programmation ».

Très vite, ce projet finit par se substituer aux études d'ingénieur de Patrice. « Je n’ai pas fini mon diplôme et on n’a pas insisté pour que je poursuive ! », sourit-il. Il restera tout de même une dizaine d'années dans les locaux de l'Université, en tant qu'administrateur de la radio. Avant de filer à Paris, sur le conseil d'un ami, travailler pour l’agence de presse mondiale Reuters. D’abord à l’administration de la base photographique, à mi-temps, puis au nouveau service de diffusion en ligne, début 2000. « On travaillait sur un fil d’informations que l’on alimentait en temps réel sur internet. » Des débuts sur le web forcément marqués par les événements du 11 septembre 2001. « Ce jour-là, je suis arrivé à 15h à la rédaction. Je n’en suis reparti qu’à 2h du matin. » Devant les enjeux nouveaux du numérique, il trouve « une vraie source de motivation, pendant dix ans ». Tout en restant proche de la sphère radiophonique et du milieu de la musique, avec la création de son propre label, Quixotemusic, en 2007. Il quitte finalement Reuters en 2017, par lassitude. « Je ne m'y retrouvais plus. »

« Le journalisme m’a appris à utiliser certains mots plutôt que d’autres. »

Le journalisme n'a jamais été une vocation pour Patrice. C'est d'abord sa passion « dévorante » pour la musique qui l'a amené vers la radio. « J’en ai beaucoup écouté par mes parents, jusqu’à ce que mon petit frère et moi ayons notre propre poste. » Cette passion, il l'a nourrie un peu plus avec Graf'Hit, où il recevait près d'une cinquantaine de disques à écouter chaque semaine, dont les premières démos de groupes ayant depuis acquis une renommée nationale tels Zenzile ou encore Dionysos. En attestent ses 33 mètres d'étagères, pleines à craquer d'albums et de vinyles ! « J'ai du mal à être fan d'un genre, d'un artiste, parce que je ne veux pas me lasser. Il y a beaucoup de passerelles dans la musique. C'est dans le journalisme que l'on construit les niches. » Tout juste consent-il à donner sa préférence aux Rolling Stones, dans ce match de l'éternel face aux Beatles.

Le goût pour l'information et son traitement lui est venu ensuite, avec l'exercice radio. A force de découvertes, d'interviews et de rencontres... « C'est un média de proximité. Peut-être que j’essayais, aussi, de combattre la face timide de ma personnalité. » Sans renier sa nature profonde, Patrice a fait de cette réserve un instrument de débat salvateur. « C'est là que nous avons notre utilité, à être en mesure de faire un journalisme objectif. Cela m’a appris à utiliser certains mots plutôt que d’autres. » Avec le souci d'éveiller le public, dont la défiance pour les médias d'information n'a pourtant jamais été aussi grande. « Même si c'est d'abord le rôle du journaliste, il appartient aussi au lecteur et à l’auditeur de croiser d’autres sources d’information. C’est un exercice intellectuel largement amusant. »

Patrice sait qu'il n'aura pas à forcer les choses à Radio Pulsar, dont « l'ancrage citoyen et l'ADN journalistique sont indéniables ». Reste au Haut-Savoyard de naissance de prendre ses marques dans une ville qu'il découvre. S'il connaissait, de nom, des lieux tels que le Confort Moderne ou encore certains groupes locaux, il n'avait jamais eu l'occasion de s’arrêter à Poitiers. « Un vrai carrefour géographique, une ville très séduisante qui respire la tranquillité et qui présente une offre culturelle considérable. » Et dont il entend bien devenir un acteur de la vie locale à plein temps.

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