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Dans la Vienne, plusieurs édifices religieux ont été acquis par des particuliers à des ns profanes. Une solution pas comme les autres pour préserver le patrimoine commun.
Transformer une ancienne chapelle jésuite du XIX siècle en hôtel-restaurant haut de gamme, il fallait oser. Thierry Minsé, déjà gérant de trois établissements hôteliers dans la Vienne, y a juste vu « la possibilité de faire quelque chose de différent ». Ainsi a-t-il ouvert en 2012, à Poitiers, Les Archives, après deux ans de travaux.
« La chapelle était étagée de fer jusqu’à l’actuel troisième étage », se souvient Corinne Rouzière. La directrice de l’hôtel souligne « l’aménagement des chambres parfois curieux », conditionné par l’architecture originelle du lieu, à la fois contraignante et originale. « Nous avons souhaité inscrire le restaurant et les trois niveaux de chambres de l’hôtel dans l’enveloppe du bâtiment, il y a eu très peu de démolition et de reprise de sous-œuvre, note Thierry Minsé, sauf pour percer les ouvertures sur la rue Edouard-Grimaux. »
Parmi les anciens lieux de culte désacralisés par l’Histoire, Les Archives fait presque figure d’exception. « 95% des acquéreurs ont des projets artistiques », constate Patrice Besse. L’agent immobilier parisien est devenu, presque malgré lui, un spécialiste de ces transactions insolites. Il en mène cinq à dix par an mais réfute l’existence d’un « vrai marché ».
De 0€ à 400 000€
« Une église, juste après sa désacralisation, se vend en moyenne entre 0€ et 400 000€. Ce sont les mètres carrés les moins chers de France, moins chers qu’un centre commercial avec structure métallique à la sortie de Maubeuge !, plaisante-t-il. J’essaie toujours de vendre à quelqu’un qui laisse le lieu ouvert au public. » Il a ainsi vendu à des Américains l’ancienne abbaye cistercienne de Bonnevaux, aujourd’hui devenue centre de méditation chrétienne et, sur la même commune de Marçay, la basilique du XIXe transformée en musée du livre depuis 2016.
Des lieux symboliques
Inachevée, elle n’a jamais été consacrée. L’acquéreur, Jean-Denis Touzot, s’en moque. Le libraire parisien en retraite, fervent défenseur du livre papier, cherchait « un lieu symbolique, avec une puissance évocatrice ». Il a découvert Marçay, l’abbé Jouanneau, saint Benoît Joseph Labre (pour savoir qui sont ces pieuses personnes, rien ne vaut un détour par Marçay) et, surtout, une basilique de 16,5m de hauteur sous voûte et 600m2 de toiture, qui prenait dangereusement l’eau et risquait de s’effondrer. La rénovation, toujours en cours, s’élève à plusieurs centaines de milliers d’euros, mais un coup de cœur n’a pas de prix. Agnès Ramé a, elle, succombé au charme de l’ancienne chapelle des Feuillants, à Poitiers, malgré la perspective de 3M€ de travaux (dont 900 000€ pour la seule toiture). « J’ai plein d’idées en tête pour faire revivre ce lieu. Dans une société où tout est éphémère, la pierre est ce qu’on peut laisser à nos enfants. » Discrète sur le montant de son achat, à « un prix symbolique », la professionnelle de l’immobilier va tout d’abord s’atteler à « une levée de fonds », conséquente.
Ici comme ailleurs, « la volonté précède les moyens », condition sine qua non de la réussite, selon Benoît de Sagazan (lire ci-dessous). Or, lesdits moyens en matière de patrimoine religieux ne sont jamais anodins et requièrent une volonté à leur mesure. En France, depuis 1905, 255 églises ou chapelles (115 diocésaines et 140 communales) ont été désaffectées et connaissent des fortunes diverses.
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