Hier
Deux mois après avoir accueilli ses nouveaux locataires et usagers, le palais de justice de Poitiers a été inauguré. Les avocats ont profité de la présence de la ministre Nicole Belloubet pour redire leur opposition aux box vitrés.
Ils sont venus, ils sont tous là… En dehors de Jean-Pierre Raffarin, retenu à l’étranger, tous les élus et anciens élus qui ont contribué ou non à la naissance du palais de justice version « Feuillants » (53M€, près de 3 ans de travaux) ont fait le déplacement, ce mercredi matin, pour inaugurer le bâtiment : le maire de Poitiers Alain Claeys, le président du Département Bruno Belin, les parlementaires Jacques Savatier, Sacha Houlié, Jean-Michel Clément, Nicolas Turquois, Alain Fouché, l’ancienne eurodéputée Elisabeth Morin-Chartier… Il y avait foule au 4, boulevard du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny aux côtés de la Garde des Sceaux Nicole Belloubet (*).
#Poitiers - Le palais de justice inauguré ce matin par @NBelloubet et une kyrielle d’élus. pic.twitter.com/KDfin2aTlW
— Le7hebdo (@le7hebdo) 26 juin 2019
En façade, tout le monde se réjouit que les conditions de travail soient « optimales » (Nicole Belloubet) avec cette nouvelle cité judiciaire. « Il y a avec ce bâtiment le respect du patrimoine, de la modernité et de la transparence. Je trouve que c’est une très belle image de ce qu’est la justice », a-t-elle insisté. En coulisses, les uns et les autres expriment toutefois quelques griefs à l’endroit du paquebot flambant neuf. Au-delà des problèmes de Wifi « en cours de résolution », dixit le procureur de la République Michel Garrandaux, ou de l’absence de réseau téléphonique dans les allées de la cité -sans compter le parking jugé trop petit-, les avocats pestent encore et toujours contre les box vitrés installés dans deux des salles d’audience. « L’Etat français estime qu’on peut sacrifier la dignité des individus et des droits de la défense pour des impératifs de sécurité qui n’existent pas », argue le bâtonnier. Me Hervé Ouvrard s’en est ouvert à la ministre de la Justice à l’issue de sa visite. Mais elle reste inflexible sur le sujet.
Format XL vs format pixel
« Les box vitrés ne sont en aucun cas attentatoires à la dignité des personnes prévenues. Nous devons respecter le droit à un procès équitable, mais aussi assurer la sécurité des personnels et des magistrats. J’en appelle à la proportionnalité. » Aux magistrats donc de juger de l’opportunité d’utiliser ces cages de verre en fonction du profil des prévenus. Sur un autre sujet et dans un registre plus politique, le patron du Département Bruno Belin a profité de la tribune pour interpeller la ministre sur « le besoin de reconnaissance et de soutien du Conseil départemental par l’Etat ». « Vous avez été élue d’une grande ville de France, d’une grande région, vous connaissez le format XL de la gestion publique. Nous, nous sommes dans le format pixel de l’action locale. Le Conseil départemental est à la politique ce que Jean-Pierre Pernault est à la télévision. Nous sommes dans l’humain, le territoire, la proximité. »
(*) La visite guidée a été assurée par Dominique Moyal, procureure générale, et Thierry Hanouet, premier président de la Cour d'appel.
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