Le Poitou, terre de metal

Le metal recouvre un vaste champ musical, qu’il doit autant au heavy qu’au hard rock. Historiquement, le genre a toujours été très bien représenté à Poitiers et dans sa région. Quatre groupes locaux sont d’ailleurs attendus sur les scènes du Hellfest, dès vendredi, à Clisson. Découverte.

Steve Henot

Le7.info

Bruno écoute du metal depuis ses 11 ans. Dans quelques jours, il participera à son 6e Hellfest de suite, LE rendez-vous incontournable des amateurs de musiques extrêmes depuis sa création en 2006. Une édition qui aura une saveur un peu particulière pour lui, le Poitevin, avec la présence de quatre groupes à forte teneur locale : Klone (metal progressif), The Necromancers (heavy occult rock), Trepalium et Bliss of Flesh (death metal). Pour le dernier cité, ce sera une grande première, à Clisson (Loire-Atlantique). Inattendue, par ailleurs. « On était plutôt dans une démarche d’enregistrement d’album, confie Necurat, le chanteur et seul membre du groupe installé à Poitiers. On le prend comme une belle opportunité. Le Hellfest est un moment important, devant un grand public et dans de super conditions. »

La renommée du festival ne se dément pas : encore 180 000 spectateurs recensés l’an dernier. « C’est aussi là où l’on voit toute la presse pour lancer la communication autour d’un album, ajoute Guillaume Bernard, le guitariste de Klone, un habitué. C’est un lieu de pèlerinage pour tous les groupes, une espèce de grande fête foraine, familiale. » Laquelle ouvre ses portes à toutes les nuances musicales, comme en atteste la présence des différents groupes poitevins.

Des groupes et structures porteurs

L’engouement autour de cette culture musicale est loin d’être un épiphénomène. En un an, l’écoute de metal a progressé de 28% sur la plateforme de streaming audio Spotify, en Europe. « Le metal n’a jamais été mis en avant, même si des groupes ont toujours rempli salles et stades. La culture metal est ainsi, toujours être dans l’ombre mais habitée par des passionnés », résume Bruno. Le chiffre surprend ses acteurs, malgré tout. « Car c’est un public de niche, de connaisseurs qui sont souvent eux-mêmes musiciens, observe Harun Demiraslan, le compositeur de Trepalium. Avec mon autre groupe, Step In Fluid, on a d’ailleurs été étonné de se retrouver 47e des charts, les jours suivants la sortie du dernier album. »

De Hacride aux jeunes pousses d’OverStrange Mood (OSM) et UnCut, le Poitou a toujours été un important vivier de formations metal et rock. Sans vraiment s’en enorgueillir. « J’imagine qu’il y a eu des groupes porteurs et des structures, comme le Confort moderne, les bars Le Cluricaume et Le Zinc, qui ont contribué à tout ça… Et il y a peut-être eu un phénomène d’acculturation chez les jeunes », suggère Harun. Tous vantent la quiétude de l’environnement poitevin. « Un endroit où il fait bon vivre, où il n’y a pas de guéguerres comme ailleurs. On se connaît tous depuis quinze, vingt ans », confie Guillaume. Spectateur attentif, Bruno juge que « la scène poitevine est bien fournie et de qualité. Mais la plupart des groupes sont plus connus ailleurs qu’à Poitiers ». A l’image de Klone ou encore de The Necromancers, plusieurs écument les scènes internationales (partout en Europe, aux Etats-Unis, en Australie) depuis déjà des années. En toute simplicité.

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