Hier
Faute de ne pouvoir se voir dans le miroir, elles avaient tiré un trait sur le maquillage. Jeudi dernier, huit femmes aveugles ou malvoyantes ont bénéficié d’un atelier beauté à l’institut Yves Rocher situé au Auchan Poitiers sud, pour réapprendre à prendre soin d’elles. Une première.
Crayons, phare à paupières, vernis à ongles… Elle a, dit-elle, « tout mis à la poubelle ». Chantal s’était résolue à ne plus se maquiller. Atteinte de la DMLA, ou dégénérescence maculaire liée à l’âge, elle ne distingue plus son visage dans le miroir depuis des années. « Prendre soin de soi, c’est quelque chose que j’avais perdu de vue ! »
Si elle aborde aujourd’hui le sujet avec humour, c’est parce que la retraitée sort d’un atelier « beauté sans miroir », qui lui a été dispensé jeudi dernier à l’institut Yves Rocher, situé dans la zone commerciale de Poitiers sud. Pendant un peu plus d’une heure, une esthéticienne s’est occupée d’elle, dans une démarche de pédagogie. « Il faut essayer de se mettre à sa place, décrire tout ce que l’on fait pour lui donner des images, raconte Emmy. On essaye de connaître un peu mieux l’histoire de la personne, ce qui crée une vraie relation. »
La veille, la jeune femme a été préparée à accueillir ce type de public. « Il s’agit de réapprendre la personne à toucher son visage, à reconnaître les textures », explique Valérie Santerre, responsable RSE pour Yves Rocher France. Des conseils sont aussi donnés sur le choix des produits, qui doivent s’adapter le mieux possible au handicap (des crèmes teintées, avec des couleurs discrètes par exemple). « L’objectif est que ces femmes deviennent autonomes, afin de reproduire elles-mêmes les gestes. »
Reprendre confiance en soi
Ces ateliers existent depuis 2013, en France, fruit d’un partenariat de longue date entre la marque cosmétique et HandiCaPZero. C’est la première fois que le dispositif est testé à Poitiers. Huit femmes aveugles ou malvoyantes ont répondu à l’invitation de l’association. Chantal y a été conviée par son orthoptiste à l’issue d’une séance au Centre de basse vision de Saint-Benoit. Elle n’a pas hésité à faire un peu plus d’une heure de route pour en bénéficier.
« Je me sens rajeunie, cela fait beaucoup de bien, sourit Chantal, 70 ans. L’esthéticienne m’a donnée des astuces pour m’épiler et me maquiller les yeux, sans me faire mal. » Longtemps freinée par son handicap, elle se sent désormais en mesure d’« oser » prendre soin d’elle. Et repart avec un nouveau stock de produits cosmétiques sous le bras. « L’atelier vise à la reprise de confiance, résume Stéphanie Cuppini, chargée de communication à HandiCaPZero. En général, si les femmes se sentent à l’aise, elles reviennent en boutique. » Preuve que la beauté reste plus que jamais accessible à toutes.
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