Aux urgences, la crise des vocations ?

Ces dernières semaines ont mis en lumière la crise que traversent les services des urgences, un peu partout en France. Le CHU de Poitiers n’est pas épargné par les difficultés. Notamment le manque de personnel qui interroge sur une possible crise des vocations.

Steve Henot

Le7.info

Lundi 10 juin, Sacha Houillé est en visite au service des urgences du CHU de Poitiers. En plein mouvement de grève nationale des urgentistes, le député LREM souhaite recueillir les difficultés que rencontrent les personnels au quotidien. Des temps de repos qui ne sont pas respectés, des équipes de jours mises à contribution la nuit, ce qui amenuise celles de jour… Tout converge vers un manque d’effectifs, alors que la fréquentation du service a doublé en vingt ans (environ 55 000 personnes prises en charge par an).

« Aujourd’hui, nous sommes à un peu moins de cinquante médecins pour les quatre sites, explique le Pr Olivier Mimoz, chef des urgences du CHU de Poitiers. Or nous avons estimé nos besoins à soixante-deux médecins temps plein. » Ce n’est guère mieux parmi le personnel paramédical, en nombre insuffisant. Comment expliquer une telle pénurie ?

L’idée d’une crise des vocations commence à émerger. Elle toucherait en tout premier lieu le métier d’aide soignante. « On voit des vocations freinées avant même le stade des inscriptions en institut (Ifas), observe Céline Laville, la présidente de la coordination nationale interprofessionnelle (CNI). Je connais une directrice à qui il manque une trentaine de places. A tel point que l’Agence régionale de santé (ARS) lui a demandé de réorganiser un concours d’entrée ! »

La promesse d’arrivées pour novembre

La formation en soins infirmiers (Ifsi) serait, elle, relativement épargnée. « Il y a eu entre 7 000 et 10 000 inscriptions via Parcoursup cette année. L’Ifsi fait encore le plein. » Mais la durée d'exercice des jeunes diplômés aurait chuté de manière drastique ces dernières années. La pénibilité du travail est en cause. « Cela revient de plus en plus souvent dans les échanges. » Pour ce qui est des médecins, le CHU de Poitiers déplore un manque de candidatures. Le Pr Mimoz constate, lucide : « Quand vous entendez que les urgences sont en souffrance, cela peut faire un peu peur. »

Pour enrayer le phénomène, « la seule solution est d’accepter une hausse du volume de salariés », estime Céline Laville. Le service médical du CHU de Poitiers a promis de nouveaux recrutements à partir de novembre. Le personnel paramédical, en revanche, devra se montrer plus patient. « L’arrivée de la nouvelle structure (2021-2022, ndlr) sera l’occasion de repenser notre organisation, indique le Pr Mimoz, qui insiste toutefois sur le caractère formateur du CHU. On forme seize urgentistes par an. C’est beaucoup mais insuffisant pour combler tous les trous dans l’ex-Poitou-Charentes. »

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