Un projet de loi et des questions

Depuis la semaine dernière, l’Assemblée nationale se penche sur le projet de loi Mobilités, porté par la ministre des transports Elisabeth Borne. Plusieurs mesures retiennent l’attention des collectivités, déjà actives autour de ces problématiques. Mais des interrogations demeurent.

Steve Henot

Le7.info

En un an, le service de location de vélos à la carte Vélibleu a rencontré un certain succès (1 000 usagers) dans le Grand Châtellerault. « Ca marche toute l’année, il y a une prise de conscience des modes de déplacement alternatifs », constate Pascale Moreau, maire de La Roche-Posay. L’élue ne croit pas si bien dire. Au sein de la communauté d’agglomération, la question des mobilités est plus que jamais centrale. « Il y a une réflexion écologique de plus en plus pressante », reconnaît son président, Jean-Pierre Abelin. Mais pas seulement. « Il faut aussi réfléchir à comment apporter le service dans les 47 communes », s’interroge Bruno Sulli, vice-président en charge des transports et de la voirie communautaire.

En cours d’examen à l’Assemblée nationale, le projet de loi Mobilités vise justement à prendre à bras le corps les problématiques de transport au quotidien, avec des réponses concrètes apportées aux usagers. Parmi les pistes envisagées, sont évoqués des zones « sanctuarisées » pour les véhicules à faible émission de CO2, des encouragements aux mobilités douces pour les trajets domicile-travail (vélos et covoiturage)… « Il y a dans le texte un certain nombre d’avancées, observe Renaud Lagrave, vice-président de la région Nouvelle-Aquitaine en charge des infrastructures, des transports et des mobilités. Mais sur l’open data, on le fait déjà par exemple. » La Région est en effet précurseur. En fin d’année dernière, elle a mis en place un syndicat mixte intermodal -Nouvelle-Aquitaine Mobilités- pour assurer la coordination des services de transports, de l’information et la tarification.

Le train, grande préoccupation

A l’échelle des communautés urbaines, le projet de loi ne présente « que des bonnes idées » pour Bruno Sulli. « Mais qui paye ? » Autre interrogation sur le fond : quid de la gouvernance ? « Les intercommunalités pourraient reprendre la compétence transport à partir de l’année prochaine, alors que l’on avait l’intention d’améliorer notre offre, avec plus de circuits de bus, déplore Renaud Lagrave. Ce n’est pas le sens de l’histoire. »

En l’état, le texte négligerait aussi l’entretien des infrastructures ferroviaires. Une erreur pour bon nombre d’élus. « De toutes les mobilités, le train reste celle qui pollue le moins. Et de loin. Là, nous somme en train de partir sur des sujets qui ne sont pas aussi essentiels », ajoute Renaud Lagrave. Il y a quelques semaines, le président de Grand Poitiers, Alain Claeys, alertait une nouvelle fois la ministre des transports, Elisabeth Borne, sur la nécessaire modernisation de la ligne TER Poitiers-Limoges. « Il serait paradoxal qu’à l’heure où les préoccupations environnementales redeviennent majeures pour les hautes autorités de l’Etat, le mode de transport ferroviaire soit totalement délaissé au profit exclusif de la route. » Là encore, la question des moyens se pose. « Il faudrait un effort important », analyse Renaud Lagrave. Les discussions se poursuivent cette semaine, à l’Assemblée nationale. A suivre.

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