2 maires sur 3 sur se projettent au-delà de 2020

A un an des Municipales, Le 7 et l’Association des maires de la Vienne ont réalisé en exclusivité un sondage (*) auprès des maires de la Vienne. 60% d’entre eux veulent briguer un nouveau mandat, même si beaucoup admettent que la fonction se complexifie. Montée en puissance de l’intercommunalité, baisse des moyens… Ils s’expriment sans filtre. 

Arnault Varanne

Le7.info

Un maire sur deux n’envisagerait pas de se représenter lors des Municipales de 2020. Le sondage, réalisé mi-novembre par le Cevipof, avait fait l’effet d’une petite bombe lors du Salon des maires 2018. Six mois après, nous avons voulu savoir quel état d’esprit anime les édiles du département. Première surprise de notre consultation, réalisée avec l’Association des maires 86, 60% d’entre eux envisagent de briguer un nouveau mandat. C’est un enseignement majeur et la garantie d’un minimum de continuité dans les petites communes, mais aussi dans les villes de taille intermédiaire. 

Et les autres alors ? Ils jettent l’éponge pour des raisons très différentes. L’âge et la durée du mandat d’abord. « A 70 ans, j’estime qu’il faut laisser la place », indique par exemple ce maire d’une commune de 1 300 habitants. « A des plus jeunes », abonde l’un de ses collègues. Si le besoin de renouvellement guide certains, le « ras-le-bol des contraintes administratives » et le « sentiment de ne plus être utile », motivent beaucoup d’autres pour arrêter. « J’ai été heureux dans mes fonctions, sauf ces dernières années. On voudrait tuer nos petites communes qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Je suis vraiment dégoûté », lâche un élu dont la commune a rejoint Grand Poitiers. Un autre pointe les responsables de la situation : « Les collectivités urbaines veulent tout gérer, nous ignorent et oublient que nous devons être complémentaires et solidaires. Leurs techniciens ont souvent pris le pouvoir et n’ont aucune considération pour la ruralité. »

« Premiers de corvée » 

L’Etat et ses réformes successives n’échappent pas à la critique. « La loi NOTRe, en créant artificiellement des EPCI XXL, a développé des structures incohérentes où l’argent public disparaît dans des études, des audits… Le territoire est trop vaste et la population ne s’identifie pas », persifle un maire. Les « normes inutiles » et le « poids des réglementations » pèsent aussi sur les « premiers de corvée ». Pour résoudre la fracture territoriale, certains appellent de leurs vœux à accélérer « le regroupement des communes » en leur donnant les moyens de se développer. Autre doléance : créer un vrai statut de l’élu. « Nous sommes le premier et le seul échelon de proximité avec les habitants », martèle un sondé. 

S’agissant des relations avec la population, les élus dressent là encore un tableau contrasté. Tous n’ont « pas l’impression de faire le même travail », selon les effectifs municipaux sur lesquels ils s’appuient. Aux uns le confort de l’administration, aux autres les bénéfices de la proximité… ou pas ! Un maire du Sud-Vienne avance « l’intolérance des citoyens et leur égoïsme », tandis qu’un autre loue « la richesse insoupçonnée des échanges avec ses administrés ». Entre trop-pleinde« contraintes et de responsabilités » et bonheur de « se sentir utile », le cœur des maires de la Vienne balance donc sérieusement. On verra de quel côté il bascule définitivement au printemps 2020. Stop ou encore, les 266 premiers magistrats du 86 ont encore neuf mois pour mûrir leur réflexion. 

(*) Près d’une centaine d’élus ont répondu à nos questions sur 266 communes, soit un taux de participation de 35%. 

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