Alain Baraton :  « Je crois en l’élu local »

Alain Baraton sera l’invité d’honneur de la Fête de l’arbre, cet après-midi, au parc de la Roseraie à Poitiers. Le jardinier en chef du château de Versailles livre son avis sur le rôle des municipalités dans la protection de la biodiversité.

Romain Mudrak

Le7.info

Cet après-midi, vous parlerez des « pouvoirs des arbres ». A quoi pensez-vous ?
« L’arbre n’est pas qu’un élément d’agrément. Il possède quantité de vertus. Il permet d’avoir de l’air pur, de maintenir les terres, d’accueillir la biodiversité... Des études très sérieuses montrent qu’on se sent mieux mentalement près des arbres. Ce sont des êtres vivants qui respirent, transpirent, croissent, se dirigent vers la lumière et même communiquent. Savez-vous que l’acacia d’Afrique diffuse une toxine dans son feuillage quand il est boulotté par une girafe ? Plus fort encore, il alerte ses congénères qui vont adopter le même comportement sans avoir été attaqués. J’aimerais juste qu’on pense à tout cela avant d’abattre un arbre. »

Justement, en 2016 vous dénonciez dans une chronique sur France Inter l’abattage de 98 platanes à Poitiers. Un an plus tard, vous signiez l’édito de la Charte de l’arbre(*) portée par la Ville. Que s’est-il passé entre-temps ?
« Je n’ai pas d’affinité politique avec le maire et je ne brigue aucun poste. Mais après cet épisode, il m’a invité à Poitiers au lieu de se braquer et j’ai trouvé cela très intelligent. Je suis venu et il m’a proposé de découvrir les parcs et jardins de la ville, sans pression, uniquement avec les agents des services. J’ai compris le travail qui était engagé. Il ne suffit pas de dénoncer, il faut aussi aider. »

A quoi sert fondamentalement la Charte de l’arbre ?
« La Charte de l’arbre, c’est comme un contrat de mariage entre les végétaux et la ville. Tout le monde s’engage à respecter ce qui est écrit. Un directeur de service ne peut pas agir dans son coin. Personne ne peut l’ignorer. Il faudrait que d’autres grandes villes comme Poitiers fassent de même. »

Quel rôle les municipalités ont-elles à jouer pour la protection de la biodiversité ?
« Leur rôle est essentiel. Je crois davantage en l’élu local parce qu’il a une gestion terre à terre des affaires. Il est proche de ses concitoyens, qui sont très sensibles au sort des arbres et de la végétation près de chez eux. Les élus nationaux s’engagent sur cinq ans, mais c’est tout de suite qu’ils doivent prendre des mesures pour sauver la biodiversité et arrêter le réchauffement climatique. Nous sommes en train de couler, il faut stopper l’avarie en interdisant, par exemple, l’importation de bois coupé illégalement

(*)Visible sur chartedelarbre.poitiers.fr

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