La drôle d’errance des Géorgiens

Plusieurs familles de Géorgiens errent depuis plusieurs mois à Poitiers, dans l’attente d’une meilleure situation. C’est le cas des Burtov, dont la fille âgée d’à peine 2 mois est née au 115. 

Arnault Varanne

Le7.info

Nika a appelé la rédaction un peu en désespoir de cause, révolté qu’une famille puisse dormir dehors. Le traducteur bénévole ne supporte plus que ses compatriotes passent la nuit aux urgences du CHU de Poitiers, dans une voiture hors d’âge sur le parking d’Auchan ou carrément à la rue. « Ça me révolte, surtout pour ceux qui ont de jeunes enfants », explique-t-il. Le cuisinier de métier fait référence à la famille Burtov, que nous avons rencontrée la semaine dernière au relais Georges-Charbonnier. Alexander et Maka ont fui la Géorgie en 2017. Ils sont tous les deux Kurdes Yézidis. « Le danger là-bas, c’est la pauvreté », assure Alexander, reconnu travailleur handicapé et qui souffre d’une maladie sanguine. 

Avec Maka et Valeri (7 ans), il est donc parti chercher (meilleure) fortune, d’abord à Dortmund. « L’Allemagne a refusé de les garder, ils étaient expulsables là-bas », renchérit Nika. Les Burtov ont donc franchi la frontière du Rhin, direction Hayange, puis Longwy, Metz et enfin Châtellerault et Poitiers, depuis octobre. Une vie d’errance jalonnée par l’arrivée de deux nouveaux enfants : Victoria (1 ans et 10 mois) et Marie, la petite dernière âgée de 2 mois… née au 115, le centre d’hébergement d’urgence. Malgré cela, ils ne dorment pas sous un toit toutes les nuits. Il y a peu, les exilés Géorgiens ont tenté de se réfugier aux urgences du CHU de Poitiers, mais on les a expulsés au petit matin. 

Explosion des demandes d’asile

D’autres nuits, ils dorment dans une voiture prêtée par l’un de leurs compatriotes. Valeri va pourtant à l’école Charles-Perrault, aux Couronneries. « Ça se passe bien, assure le garçonnet, qui parle bien le français. Mais c’est un peu dur quand je sais que mes parents et mes petites sœurs sont dehors. » Hélas, la situation semble inextricable, d’autant que le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déclaré récemment vouloir lutter contre la hausse du nombre de demandes d’asile réalisées par des ressortissants géorgiens.Sur les 123 625 dossiers instruits par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra) en 2018, 7 005 émanaient de Géorgiens. Soit une croissance de… 256% par rapport à 2017. 

« Il faut voir que dans notre pays, il y a une grande criminalité et un président incompétent ! », s’insurge Nika. Beaucoup de ses compatriotes s’expatrient aussi pour des raisons médicales. Alexander doit prochainement se faire opérer au CHU de Poitiers.

 

 

 

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