Aujourd'hui
Un exploit, un vrai pour le PB86
Dans les cordes après dix minutes, le PB86 a renversé Roanne, 2e de Pro B, au terme d’une seconde période incroyable d’intensité. Poitiers se rassure après deux revers d’affilée.
Steve Henot - Romain Mudrak
« On est plus chaud que le climat ! » Ils sont une vingtaine, jeudi, devant la caserne de gendarmerie de Poitiers, à entonner les chants entendus ici et là, dans les Marches pour le climat. A l’appel d’Action non-violente Cop21 (ANV-Cop21), ils soutiennent deux militants convoqués après la « réquisition » de quatre portraits du Président de la République opérée début mai dans des mairies de la Vienne.
« L’idée, c’était de sortir Macron et de lui montrer la réalité du terrain », explique Marie, une retraitée. Elle a été placée en garde en vue le jour-même avec son mari. Leur domicile a été perquisitionné, leur ordinateur fouillé... « On s’expose assez fortement parce que l’urgence climatique le nécessite, parce que la situation est inédite. Et j’ai envie de prendre ma part dans ce combat », assène-t-elle, le regard déterminé. Juridiquement, les participants à cette action risquent jusqu’à cinq ans de prison et 75 000€ d’amende pour « vol en réunion ». Pour l’heure, ils ne font pas l’objet de poursuites. Pas encore. « On l’a fait en connaissance de cause, assume Frédéric, 38 ans. Ça impacte notre vie personnelle et professionnelle. Je ne pourrais pas me regarder dans dix ans et me dire que je n’ai rien fait. Mais je préférerais ne pas avoir le faire, c’est sûr. »
Désobéir, « de plus en plus légitime »
Ces derniers mois, dans la Vienne comme ailleurs, les manifestations pour le climat se sont multipliées. Mais le mode d’action a évolué. Beaucoup ont quitté les Marches et font désormais le choix de la désobéissance civile. « Ce n’est plus possible de faire seulement de la sensibilisation. Il faut un vrai changement. Le combat est tellement grave que l’on ne peut plus se contenter de petites actions, assure Solène, 19 ans, membre du collectif Youth for Climate Poitiers, créé en février dernier. Désobéir pour la planète apparaît de plus en plus légitime chez les jeunes, c’est notre avenir qui est en jeu. » Une grève scolaire pour le climat le 15 mars, un « die-in »(*) le 22 mars, une opération « lucioles » visant à éteindre les enseignes des commerçants de Poitiers dans la nuit du 10 mai dernier... La jeunesse poitevine redouble d’imagination pour « interpeller et choquer » les consciences. L’essentiel, c’est de transmettre le message. Dans le genre, les happenings de Libération animale 86 passent rarement inaperçus. Qui n’a jamais vu des militants vêtus de noir, debout dans la rue, les mains tachées de sang avec pour fond sonore des cris d’animaux à l’abattage ? « Nous sommes des antispécistes qui dénonçons toute forme d’exploitation des animaux, assure Gladys, co-présidente du groupe poitevin. Notre but est de pousser à la réflexion à travers des actions choc dans un cadre légal. »
Le « combat » des militants se poursuit aussi sur les réseaux sociaux, par le partage régulier de contenus engagés. Libération animale 86 a d’ailleurs lancé #Poitierscaptivité pour « obtenir l’interdiction des cirques avec animaux ». « Sur ce sujet, on attend les élections municipales avec impatience », reprend Gladys. De son côté, le maire de Poitiers, régulièrement interpellé sur la place publique, reçoit les délégations qui en expriment le désir. « Je considère que nous n’avons pas à rougir de ce que fait Grand Poitiers en matière de transition écologique », martèle Alain Claeys qui n’est pas avare en « exemples concrets » sur la question (lire ci-dessous). Il est venu le clamer à la tribune, le 16 mars, au terme de la Marche du siècle. Pas de quoi lui épargner quelques sifflets.
(*)Une forme de manifestation où les participants simulent leur mort.
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