Aujourd'hui
La colère des agriculteurs, qui s’est exprimée cours des derniers jours dans les rues de Poitiers, suscite de nombreuses réactions politiques.
Pour le groupe des élus de gauche du Conseil départemental, « au-delà des petites phrases et autres effets d’annonces, le Département doit désormais prendre toute la mesure de la détresse dans laquelle se trouve plongée la profession agricole ». « D’autres assemblées départementales ont depuis longtemps fait le choix de mesures concrètes en faveur de l’agriculture locale, des mesures alternatives au soutien inconditionnel d’une agriculture qui, au nom de la rentabilité, tire toujours un peu plus les prix vers le bas, des mesures qui soutiennent les circuits-courts, non pas uniquement dans la grande distribution, mais aussi pour l’approvisionnement des restaurants des collèges », estime son chef de file, Jean-Daniel Blusseau. Et de citer la « généralisation de l’alimentation issue des filières locales, avec priorité au biologique, dans les restaurants des collèges de la Vienne », le « développement d’un programme de circuits-courts mettant en lien offre et demande », « la réalisation d’un catalogue de produits locaux » ou « l’aide à l’installation de jeunes agriculteurs bio et les démarches de conversion au bio d’agriculteurs conventionnels » comme autant de solutions possibles. Le président du Conseil départemental Bruno Belin rencontre, cet après-midi, un éleveur à Dienné.
Pour Yves Jamain, secrétaire départemental du Parti communiste français, « quinze années de libéralisation, de dérégulation et de dumping social ont placé les exploitants dans une situation intenable ». « La libéralisation des politiques agricoles et notamment la fin des quotas de production de lait a conduit à l'effondrement des prix de vente, ne couvrant plus les charges d'exploitation. Pourtant, les sociétés de la grande distribution continuent de faire des profits importants sur le dos des paysans… », déplore le PCF.
« Un bien triste bilan agricole »
« L'élevage français connaît aujourd'hui une crise très grave frappant les éleveurs porcins et bovins et les producteurs laitiers, persiflent Olivier Chartier (UMP) et Véronique Abelin (UDI), conseillers régionaux d’opposition. Le problème est majeur : comment vivre décemment lorsque le prix de vente ne couvre pas le prix de revient ? Aujourd'hui, c'est l'emblème de notre pays qui souffre ! » Et de taper à bras raccourcis sur l’exécutif régional. « Après dix ans de gouvernance socialiste, la majorité régionale offre un bien triste bilan agricole. Tout comme nous l'avons fait ces dernières années dans l'opposition au sein du Conseil Régional pour défendre notre agriculture locale, nous continuons de travailler, en concertation avec les acteurs agricoles, sur des propositions concrètes et durables pour accompagner les éleveurs. »
Enfin, du côté du NPA, on en veut à la grande distribution. « Après avoir décimé l’artisanat et le petit commerce alimentaire, elle est en position de quasi-monopole. Dans ce marché de dupes où règne l’opacité la plus totale sur les marges, distributeurs et transformateurs se renvoient la balle et les petits éleveurs trinquent. Toute l’agro-industrie doit être mise au pas… », réagit le Nouveau parti anticapitaliste.
À lire aussi ...