Le dépistage dans l’incertitude

Le Programme national de dépistage du cancer colorectal pourrait être momentanément suspendu à cause d’une pénurie de tests. En cause : une procédure judiciaire.

Claire Brugier

Le7.info

Qui l’eut cru ? Les tests de dépistage du cancer colorectal sont à la veille d’une rupture de stock en France. Or, la raison n’en est pas médicale mais... purement judiciaire ! Ni la pertinence du Programme national de dépistage organisé du cancer colorectal (qui offre une prise en charge à 100%), ni le test Hemoccult qui prévaut depuis 2015 ne sont remis en cause.

Le blocage est ailleurs. Pour résumer, le marché triennal que la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM) a passé avec la société Daklapack pour l’approvisionnement en tests a pris fin en 2018. A l’issue du nouvel appel d’offres, trois des candidats déboutés ont déposé un recours auprès du  juge des référés du tribunal administratif de Paris, qui a invalidé, le 2 avril dernier, le nouveau marché.

« Nous avions anticipé la période de transition et fait des stocks pour le premier trimestre, explique le Dr Caroline Tournoux-Facon, médecin du site de la Vienne du Centre régional de coordination de dépistage des cancers (CRCDC). Mais à l’heure actuelle, nous n’en avons quasiment plus -environ 1 500 en Nouvelle-Aquitaine- et nous recevons de plus en plus d’appels de médecins généralistes dans la même situation. »

La lecture des tests encore disponibles, confiée au laboratoire Cerba, en région parisienne, court jusqu’au 18 juin. Et après, que se passera-t-il ? Un nouvel appel d’offres reporterait les commandes à plusieurs mois. La Caisse nationale d’assurance maladie, qui a introduit un pourvoi en cassation devant le Conseil d’Etat, a déclaré vendredi avoir pris une mesure d'urgence. Elle a conclu un marché transitoire de fourniture de kits de dépistage. L'approvisonnement devrait donc reprendre le 21 juin, pour six mois.

Un tiers de réponses

De son côté,le CRCDC a logiquement suspendu, début mai, l’envoi des invitations qu’il adresse systématiquement, tous les deux ans, aux femmes et hommes de 50 à 74 ans, pour les inviter au dépistage. 

En Nouvelle-Aquitaine, 25 000 tests sont réalisés par mois, soit 300 000 par an pour un million de personnes invitées. « 4% des tests se révèlent positifs, que ce soit au niveau national comme au niveau de la Nouvelle-Aquitaine. » Le dépistage, encouragé par le test Hemoccult, « plus fiable, performant et facile à réaliser que le précédent test d’immunologie »,permet non seulement de réduire la mortalité liée au cancer du côlon, grâce à une prise en charge précoce de la maladie, mais il influe également sur le nombre de nouveaux cas. « Le test permet de détecter du sang dans les selles, sang qui peut avoir plusieurs origines : des hémorroïdes, une fissure anale ou encore des polypes adénomateux, susceptibles de se transformer en tumeur s’ils ne sont pas enlevés à temps. »

Les délieurs de langues, théâtre-débat burlesque pour aborder différemment les dépistages du cancer du sein et du cancer colorectal, jeudi 6 juin, à 20h, à la Maison de la Gibauderie, à Poiters. Entrée libre. Réservation souhaitée à la Ligue contre le cancer, 05 49 47 10 15 ou cd86@ligue-cancer.net. 

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