Hier
Deux étudiants sont partis à la rencontre de nos voisins pour recueillir leur sentiment sur cette Union européenne qui se construit parfois dans la douleur. Ils en ont tiré un livre riche d’enseignements sur ce qui rapproche et divise les habitants des vingt-huit pays membres.
Depuis leur retour, ils en- chaînent les interventions dans les établissements scolaires de l’académie. En avril, Mathis Commere et Marius Girard-Barbot ont bouclé un tour d’Europe original fait de rencontres et d’échanges. Au départ, ces deux étudiants en master de droit à l’université de Poitiers voulaient découvrir « l’Europe des vraies gens, au-delà des institutions européennes, des médias et des réseaux sociaux ». Huit mois et vingt-deux pays plus tard, ils viennent de publier un livre sur leur aventure. Un récit pour « transmettre la parole » des populations rencontrées et « tracer les pourtours de l’identité européenne ».
Ensemble, ils ont créé l’association Debate Beyond Borders (littéralement Débattre au-delà des frontières), bouclé une campagne de financement participatif et mis en ligne un blog. Leur périple a démarré le 4 septembre par la Sicile. Des contacts ont été établis avant de partir. D’autres se sont révélés plus spontanés. Dans la plupart des cas, les deux étudiants ont cherché à être hébergés chez l’habitant, grâce au réseau Bewelcome.org. « Nous avons aussi utilisé les liens noués au cours de nos séjours Erasmus respectifs », précise Marius. Une façon d’observer de près le quotidien de nos voisins.
Des enjeux concrets
En Grèce, Maria, employée d’un restaurant, leur a expliqué comment les membres de sa famille avaient perdu tous les petits commerces qu’ils possédaient pendant la crise financière. En Ukraine, ils ont rencontré des habitants désireux d’entrer dans l’Union. Au Royaume-Uni, c’est évidemment le Brexit qui a alimenté leurs sujets de conversation. « On voit que certains jeunes, qui ont pu voyager grâce à Erasmus, se sentent profondément Européens, comme une autre population plus âgée, qui a vécu la guerre ou la dictature et qui voit l’Europe comme vecteur de paix et de liberté. Au-delà, une grande partie des habitants se sentent laissés de côté », commente Marius. « Le manque de solidarité entre pays membres dans la prise en charge des migrants est un sujet de division entre les Européens, reprend Mathis. Tout comme les disparités économiques entre les pays. Un gardien de parking qui gagne 400€ en Hongrie sait bien que son homologue allemand touche 1 500€ pour le même travail. Pour lui, impossible de se sentir Européen. »
Sorti le 9 mai, journée de l’Europe, leur ouvrage s’intitule Ainsi parlait l’Europe : périple à la rencontre des habitants du Vieux Continent. Marius et Mathis l’ont rapidement finalisé afin de rendre « plus concrets » encore tous les enjeux des élections du 26 mai. Il est disponible sur leur site : debatebeyondborders.com
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