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Le ramadan a démarré le 6 mai pour environ un mois. Seuls, en famille ou entre amis, les Poitevins musulmans vivent en majorité ce jeûne sacré comme un moment de retrouvailles avec eux-mêmes et les autres.
Chaque soir depuis le 6 mai, une centaine de personnes se rassemblent vers 21h à la mosquée de Poitiers pour partager un moment convivial : la rupture du jeûne lié au ramadan. Au crépuscule, chacun commence par des dattes et un verre de lait avant d’assister à la prière animée par l’imam au fond de la salle. Les hommes d'un côté, les femmes de l'autre. Au menu vendredi dernier, soupe marocaine préparée par des bénévoles, œuf, pain, banane et thé à la menthe apporté par l’un des fidèles. Aziz, le responsable des lieux, vient aussi souvent que son métier le lui permet. Beaucoup vivent seuls à Poitiers. Ce rendez-vous leur offre l'occasion de se retrouver. C’est un mois particulier pour tous les musulmans. Du lever au coucher du soleil, les pratiquants vivent l’abstinence. Il est interdit de boire, manger et de satisfaire d’autres plaisirs charnels. « C’est l’un des cinq piliers de l’Islam. Ce moment permet de prendre le dessus sur ses envies, ses instincts et de penser notamment à ceux qui ont faim dans le monde », note le président de la communauté poitevine, Boubaker El Hadj Amor.
Les musulmans sont invités à « s’occuper des autres » durant cette période. Cet esprit de charité a incité cette année l’association des étudiants musulmans de Poitiers à organiser, sur le campus, des « repas solidaires ». Le premier a réuni une cinquantaine de jeunes gens vendredi, dans la salle conviviale de la cité Descartes. « Pour les étudiants, le ramadan tombe en même temps que les examens, relève la présidente de l’EMF, Inès Aboumoussa. Certains ne prennent pas le temps de bien manger. Ce repas gratuit est l’occasion d’alléger leur charge et de vivre un bon moment ensemble. » Ouverte à tous, même aux non-musulmans, cette opération est vouée à se renouveler.
« Vider le ventre, remplir l’âme »
De son côté, Salima, mariée et mère de trois enfants, aime retrouver ses proches, dans sa maison de Châtellerault, après la journée de travail. « La table est toujours bien garnie, avec plusieurs plats typiques, surtout le week-end, où on a plus de temps. » Elle a commencé le ramadan à « 12 ans et demi ». « C’était naturel, je voyais mes parents le faire. Le jeûne est l’occasion de vider son ventre et de remplir son âme. » La tradition se transmet désormais puisque son fils vient de se lancer. Au même âge que sa maman. « Je lui ai dit d’accord, mais si tu n’es pas bien physiquement ou que tes notes baissent, tu arrêtes. »
Adultes ou adolescents, tous les pratiquants doivent concilier leur foi avec leur mode de vie quotidien, au travail et à l’école. Hadija ne voit pas du tout cette contrainte comme une souffrance. « Le jeûne a plein de vertus, c’est bon pour la santé. Je me sens bien sauf quand il fait trop chaud. » En revanche, cette Poitevine se retrouve souvent seule le soir avec ses deux petites filles. Elle préférerait sans hésiter passer le ramadan avec ses proches restés à La Réunion et à Mayotte. « Là-bas, c’est la fête ! On s’invite les uns et les autres, le mois n’est pas assez long ! » Ibrahim, un ami passé pour prendre de ses nouvelles, fait particulièrement attention à ses mots et à son comportement pendant cette période sacrée. Pour lui comme pour la majorité des musulmans, le ramadan est le moment de « tirer des leçons pour le reste de l’année ».
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