L’école des ventres vides

Cantine à un euro, petit-déjeuner offert à l’école... Les premières mesures de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté sont sur la table. Dans la Vienne, des initiatives produisent déjà des résultats.

Romain Mudrak

Le7.info

Chaque matin, dans plusieurs écoles de Poitiers, c’est le même rituel. La journée commence par une collation en classe. « On donne du pain avec de la confiture ou du miel, des céréales avec du lait, des fruits... Ça change au fil de la semaine », raconte une enseignante des quartiers Est de la ville. Ces initiatives locales, portées uniquement par les équipes éducatives, ont en général une finalité : remplir l’estomac de certains élèves qui ne mangent pas à leur faim avant de partir. « Certains enfants arrivent le ventre vide, on le sait, témoigne une autre maîtresse. Et ceux qui passent par la garderie dès 7h30 doivent attendre jusqu’à midi. »

En France, le fléau toucherait un enfant sur dix en zone défavorisée, selon la secrétaire d’Etat aux Solidarités, Christelle Dubos. C’est ce phénomène qui a poussé l’Etat à débloquer une enveloppe de 6M€ dès cette année, 12M€ en année pleine, pour financer des petits-déjeuners gratuits. Après une première phase de test, les écoles rattachées aux collèges Jules-Verne à Buxerolles, Ronsard à Poitiers, Jean-Macé et George-Sand à Châtellerault, pourraient ainsi en bénéficier dès la rentrée prochaine. Comme les écoles soutenues par la Poli- tique de la Ville. Cette mesure phare du « plan pauvreté », annoncée récemment par le Président de la République, devrait concerner au total « 100 000 enfants » selon les chiffres de l’Education nationale.

Sur le temps de garderie à Poitiers ?
Actuellement, les mairies de la Vienne ne participent pas du tout au financement de ces petits-déjeuners. « Sauf lors des animations pédagogiques menées par la diététicienne », nuance Laurence Vallois-Rouet, adjointe à l’Education à Poitiers. Le temps de la distribution des briques de lait est loin. Les enseignants décident eux-mêmes d’allouer une partie des crédits de l’école à cet effet. « Toutefois, ma collègue Coralie Breuillé, en charge de la Restauration scolaire, réfléchit à mettre en place une colla- tion dans toutes les écoles sur le temps de la garderie du matin », reprend l’élue.

Une autre mesure de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté a été largement commentée ces derniers jours. Dès l’annonce du lancement de « la cantine à un euro » pour les plus modestes, certaines collectivités ont rétorqué qu’elles appliquaient déjà des tarifs « en fonction du quotient familial ». « Aujourd’hui, ce sont 21% des familles concernées par la restauration scolaire pour lesquelles le repas coûte 0,47€, et 24% pour lesquelles le prix est de 1,14€ », souligne la Mairie de Poitiers. A Chauvigny, commune de moins de 10 000 habitants, un tiers des 400 couverts servis chaque jour est facturé entre 1,55€ et 1,80€. Idem à Châtellerault, où environ 20% des parents paient 0,38€. « Les collectivités doivent répondre à un double défi, offrir un tarif solidaire tout en proposant des produits de qualité, locaux et bio », souligne Anne-Florence Bourat, adjointe à l’Education. Ces trois communes mettent en avant les efforts entrepris en faveur de l’alimentation des écoliers. Tout en soulignant que le coût de revient d’un repas, frais de personnel compris, s’élève entre 9 et 10€.

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