La Vienne 100% fibrée d’ici 2025

La fibre optique s’installe partout en France. Entre 20 à 25% du territoire national en serait déjà équipé. Pas forcément le mieux couvert, le Département de la Vienne, avec celui des Deux-Sèvres, accélère son déploiement en zones rurales.

Claire Brugier

Le7.info

Le 12 mars dernier, on célébrait les trente ans de l’internet mondial. Trente ans, déjà, que l’humanité est en mesure de circuler avec aisance et en n’importe quel lieu à travers des données numérisées. La « toile » est arrivée très tôt, dans la Vienne. Dès 1996, la Technopole du Futuroscope avait accès au très haut débit (THD), grâce à son propre réseau optique.

Mais la réalité est toute autre en de nombreux endroits du territoire, et notamment dans les zones rurales. Selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), seules 42,2% des habitations de la Vienne bénéficient du haut débit. Et 13,6% des foyers du département éprouvent encore des difficultés d’accès. Pour éviter la « fracture numérique », le conseil départemental a adopté en 2012 un schéma directeur territorial d’aménagement numérique de la Vienne (Sdan), qui a déjà permis la montée en débit de 28 000 lignes (dont 70% sont à plus de 20 Mbit).

Un chantier à 124M€

Coup d’accélérateur l’année dernière avec la création de la régie « Poitou numérique », conjointement avec le Département des Deux-Sèvres, en vue de déployer la fibre sur les deux collectivités. Il est déjà prévu l’installation de 84 000 prises FTTH (fibre jusqu’à l’abonné), dont 32 000 rien que pour la Vienne, sur dix communes de plus 3 000 habitants d’ici 2022. « On ne va pas faire des tranchées, nous allons réutiliser des infrastructures disponibles pour aller vite et à moindre coût », détaille ainsi Cyril Luneau, directeur des relations auprès des collectivités pour la société Orange, retenue pour construire ce réseau. 

L’une des deux premières armoires de raccordement a été installée mercredi dernier, à Saint-Georges-Lès-Baillargeaux, et permettra d’alimenter 366 prises sur la commune. « Un chantier historique, souligne Séverine Saint-Pé, présidente de Vienne numérique. Les enjeux sont essentiels pour les particuliers et les entreprises, mais aussi pour les collectivités. » Coût de l’opération : 124,3 millions d’euros, dont 27,7 millions supportés par les deux départements. Cette enveloppe comprend aussi l’équipement de 362 sites dits « prioritaires », dont 142 dans la Vienne : établissements d’enseignement, de santé, zones d’activités… « Le tout fibre partout démarre aujourd'hui », se félicite le président du conseil départemental de la Vienne, Bruno Belin. Car c’est bien le but poursuivi par « Poitou numérique » : avoir un territoire 100% fibré à l’horizon 2025.

 


L’imbroglio Chalembert
Suite à l’extension de la communauté urbaine de Grand Poitiers, de treize à quarante communes, le raccordement des zones d’activité à la fibre optique est au coeur d’enjeux économiques, voire concurrentiels. A Jaunay-Marigny, le raccordement en fibre optique de la zone de Chalembert, médiatisé début mars par Covage, n’est pas une nouveauté et vient en parallèle d’un réseau déjà existant. Désignée comme Téléport 8, ladite zone fait en effet partie de la Technopole du Futuroscope et bénéficie donc à ce titre de la boucle locale en fibre optique mise en place par le Département depuis plusieurs années. Or, parallèlement, la communauté urbaine a confié lors du précédent mandat une délégation de service public à Grand Poitiers Networks, filiale de Covage, « pour irriguer toutes les zones d’activité économique de GP13 », précise Mustapha Belgsir, vice-président en charge de l’innovation et du numérique. A l’heure de GP40, dans un contexte concurrentiel évident, la question de l’extension du réseau se pose logiquement pour Covage. Poitiers Networks a donc tout récemment équipé la zone de Chalembert. « Dans le cadre de leur stratégie numérique, les entreprises de cette zone ont pratiquement toutes un besoin réel en fibre », note Pierre-François Iooss, en charge des concessions réseaux de Poitiers et Angoulême. Adjoint au développement économique et numérique à Jaunay-Marigny, Patrick Lantrès nuance : «  Chalembert est déjà bien équipée en haut débit, à hauteur de 7 à 8 Mb/s. Il faut démythifier la fibre. Elle ne peut intéresser les entreprises que si elles ont un besoin en très haut débit. » A ce jour, cinq entreprises de la zone de Chalembert (sur une soixantaine au total) sont raccordées à la boucle locale très haut débit. Une sixième en a récemment fait la demande. Elles ont désormais le choix entre deux opérateurs d’infrastructures.

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