Hier
Faute d’accord entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, les entreprises exportatrices de la Vienne peinent à se préparer au Brexit(*).
Dans l’esprit des dirigeants d’entreprise de la Vienne l’incertitude domine lorsqu’on évoque le mot Brexit. Les désaccords incessants entre Bruxelles et Londres plongent le monde économique dans le flou. « Ils ont eu trois ans pour se décider, mais aujourd’hui il n’y a toujours rien de concret. On nous dit de nous préparer. D’accord, mais à quoi ? » s’indigne Nelly Lemoine, en charge des exportations au sein de la société Osmosis Network. Faute d’informations, les professionnels tentent malgré tout d’anticiper cette évolution, en changeant par exemple leurs circuits d’envoi. C’est le cas de la société King Tony, qui a fait le choix du cross docking, comme l’explique le dirigeant, ChristianAubineau : « Nous envoyons toutes les commandes que nous avons préparées au centre logistique en Allemagne, qui les transmet ensuite en Angleterre. » D’autres entreprises, quant à elles, se réfèrent aux liens qu’elles entretiennent déjà avec des pays n’appartenant pas à la zone euro. « Nous travaillons majoritairement avec le Moyen-Orient et l’Asie, qui sont réputés pour avoir des réglementations compliquées, reprend Nelly Lemoine. Alors pour le Royaume-Uni, nous nous adapterons, nous savons ce que c’est. »
Droits de douanes
Une chose est sûre, les entreprises seront confrontées à un allongement des délais de livraison. Mais ce n’est pas tout. Le départ du Royaume-Uni devrait également engendrer des frais supplémentaires. En cause, le retour très probable des droits de douanes. « Entre l’Union et les pays tiers, ils s’étendent actuellement de 0 à 10% en fonction des produits, mais à défaut d’accord l’Organisation mondiale du com- merce autorise jusqu’à 40% », souligne Jean-Noël Navarro, chef du pôle action économique à la direction des douanes, à Poitiers. Les Britanniques remplaceront-ils également la norme CE par la leur, soumettant tous les produits à une nouvelle homologation longue et coûteuse ? Autre mystère. Au cours des réunions d’information, le directeur des services doua- niers a conseillé aux dirigeants d’envisager « le scénario catastrophe du no deal » et de réunir tous les documents nécessaires pour établir les déclarations de douanes. Des formalités lourdes mais indispensables qui peuvent être confiées à un prestataire. En Nouvelle-Aquitaine, qui bénéficie d’une balance commerciale positive avec nos voisins, ce sont les producteurs de vins et de cognac qui devraient trinquer les premiers si les politiques ne trouvent aucun accord.
(*)Ce sujet est le premier d'une série de trois volets consacrés au Brexit.
À lire aussi ...
lundi 23 décembre