Des services à la personne sans personne

Depuis plusieurs années, le secteur des services à la personne cherche à renforcer ses effectifs. Face à la pénurie, certains acteurs se retrouvent contraints de freiner leur développement. Alors que la demande explose, les solutions à court terme semblent limitées.

Romain Mudrak

Le7.info

Ce jeudi, Maison&Services organise une journée nationale de recrutement. Cette enseigne
spécialisée dans l’entretien du domicile accueille dans chacune de ses agences des conseillers en insertion professionnelle d’un côté, des candidats à l’embauche de l’autre. « C’est l’occasion de parler concrètement de nos métiers, de prendre le temps, dans une ambiance conviviale », souligne Mathilde Lahaie, responsable d’exploitation ménage. L’occasion aussi de briser quelques idées reçues sur le travail demandé. Comme beaucoup d’autres dans le secteur de l’aide à domicile, cette entreprise ne parvient pas à recruter par les réseaux traditionnels. Elle a donc décidé d’explorer une autre voie. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

Coup de frein sur la croissance
Maison&Services a cinq postes à pourvoir : assistant ménager, jardinier, nettoyeur de vitres... Autant d’emplois indispensables au quotidien, mais qui ne trouvent pas preneurs. Les services à la personne, et l’aide aux seniors en perte d’autonomie en particulier, peinent à attirer des candidats. Cela malgré la promesse d’un contrat à long terme et d’une formation préalable pour les profils sans qualification. Le secteur de la petite enfance tire son épingle du jeu (lire p. 11). Et encore ! Selon David Hamelin, il manquerait au minimum « entre 500 et 600 salariés », rien que dans la Vienne, pour répondre aux besoins. Le directeur du Centre, espace d’information sur les services à la personne à Poitiers, assure qu’une majorité des 200 entreprises et associations (10 000 salariés environ) qui œuvrent dans le secteur, ne démarchent pas de nouveaux clients faute de salariés à mettre en face : « Elles fonctionnent, il y a peu de fermetures, mais elles ne se développent pas. »

Les raisons de cette situation sont multiples et complexes (lire p. 10), contrairement aux réponses proposées. Depuis la disparition de l’Agence nationale des services à la personne en 2012, aucune structure ne parvient à animer la filière sur l’ensemble du territoire français. C’est un paradoxe d’autant plus fort que les besoins explosent avec le vieillissement de la population et que les aides financières -notamment l’Allocation personnalisée d’autonomie (Apa) ne baissent pas. Les acteurs de ce marché seront-ils finalement obligés de se diversifier pour survivre ? Des idées commencent à fleurir, comme l’organisation d’ateliers de prévention de la perte d’autonomie ou la vente d’équipements techniques pour le maintien à domicile.

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