Le nouvel élan de Dumbo

Le fantasque Tim Burton adapte, en prise de vues réelles, un nouveau grand « classique » d’animation des studios Disney. Une réactualisation très réjouissante et pertinente du conte de Dumbo.

Steve Henot

Le7.info

Au sortir de la Première Guerre mondiale, le cirque de la famille Medici est sur le déclin. Le patron de la troupe, Maximilien, fait ce qu’il peut pour relancer l’intérêt du public et préserver ses artistes. Son dernier coup de poker en date : l’achat d’éléphants, qu’il imagine intégrer à un nouveau numéro spectaculaire. Jumbo, une femelle, donne naissance à un éléphanteau au signe distinctif très marqué : ses oreilles sont d’une taille démesurée. D’abord risée du public, le petit Dumbo va finir par en devenir le nouveau chouchou, le jour où il s’aperçoit que ces fameuses oreilles lui permettent de… voler !

Après le très décevant Alice au Pays des Merveilles de 2010, on pouvait craindre le pire pour cette nouvelle adaptation « live », cette fois inspirée de Dumbo. Heureusement, Tim Burton semble ici revenu à son meilleur, avec une relecture très réussie de ce « classique » d'animation paru en 1941. Plutôt fidèle à l’œuvre originale, cette version s'étoffe d'un casting humain bien plus prégnant dans le récit, mais aussi de la poésie à la fois douce et grinçante du cinéaste américain. Sous sa direction, Dumbo n'est plus seulement un conte merveilleux sur la différence, il devient une fable naturaliste, progressiste et même joyeusement anticapitaliste : les monstres ne sont pas l’œuvre de la nature, mais de la finance et de la cupidité des hommes qui corrompt la société du spectacle. Quelle audace, dans une production Disney ! L'émotion, portée par les compositions encore très inspirées de Danny Elfman et le regard attendrissant de l’éléphanteau, n'a aussi rien perdu de son fort potentiel lacrymal. On n'en attendait pas moins de ce retour en enfance salvateur, véritable enchantement pour petits et grands.

Animation de Tim Burton, avec Colin Farrell, Danny DeVito, Michael Keaton (1h52).

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