La galère des horaires décalés

Chaque année, des centaines de parents recherchent la meilleure solution pour faire coïncider la garde de leurs enfants avec leurs horaires de travail atypiques. Quelques jours après le Salon de la petite enfance de Poitiers, tour d’horizon des moyens mis à disposition.

Romain Mudrak

Le7.info

Quand on commence tôt le matin ou qu’on finit tard le soir, se pose bien souvent la question de la garde des enfants. Surtout si on vit seul avec eux ou que l’autre parent est soumis aux mêmes contraintes. A Poitiers, deux crèches col- lectives (sur onze) ont depuis toujours décalé leurs horaires de fermeture à 19h30. Une heure précieuse qui permet chaque jour à de nombreux usagers de s’organiser. « D’une manière générale, notre priorité est de concilier la vie professionnelle des parents avec l’épanouissement des enfants », assure Peggy Tomasini, conseillère municipale déléguée à la Petite enfance.

Les deux structures proposent soixante places chacune. D’un côté, la crèche des Marronniers, en centre-ville, est historiquement très utilisée par les familles de commerçants du plateau. Y vient aussi une partie du personnel des hôtels et des centres d’appels de la Tech- nopole du Futuroscope, où un projet de crèche est évoqué en vain depuis... dix ans.

La crèche du CHU ouverte à tous
L’autre structure, c’est Pigeon Vole dans le quartier de Beaulieu. La raison, cette fois, vient de sa proximité avec le CHU. C’est le grand pourvoyeur par excellence d’horaires atypiques dans la Vienne. Sur le pont 24h/24, les personnels soignants ont be- soin de souplesse en matière de garde d’enfants. C’est pourquoi au-delà de Pigeon Vole, l’hôpital s’est également doté de sa propre crèche interne, ouverte de 6h à 22h et baptisée Bouton d’Or. Les places sont attribuées sur critères de revenus en priorité aux agents hospitaliers, mais pas que... En réalité, tous les secteurs d’activité peuvent y prétendre, sous réserve de s’y prendre au bon moment. « La mairie et le CHU ont signé une convention pour échanger des heures avec Pigeon Vole », précise Peggy Tomasini.

Pour les parents qui ne peuvent pas compter sur papy et mamie, la crèche collective est souvent la seule solution. Le recours aux assistantes maternelles reste l’exception. Et pour cause, « en cas de décalage entre les quatre enfants, elles seraient amenées à travailler 12 à 14 heures par jour sans être payées plus finalement », constate Evelyne Slowinski, l’une des représentantes locales du Syndicat professionnel des assistants maternels et assistants familiaux. C’est d’autant plus vrai qu’une nounou privée gagne, en moyenne, 1 045€ net chaque mois. Crèche ou nounou, les parents cherchent la solution pour que leur enfant dorme plus longtemps. Beaucoup font appel à un salarié à domicile sur le créneau 6h-8h, ce qui limite la demande de garde décalée. Enfin, les plateformes de mise en relation, comme nounoudecalee.com ou mabonnefee.com arrivent dans la Vienne, mais peinent encore à se faire une place.

Le nombre de nounous en baisse
Comme les naissances, le nombre d’assistantes maternelles (les postes sont essentiellement occupés par des femmes) ne cesse de baisser dans la Vienne depuis 2012. Elles sont actuellement autour de 3 000. Toutefois, la diminution du nombre total de places (autour de 10 000) reste limitée. La raison ? Plus de la moitié des nounous disposent désormais d’un agrément pour quatre enfants. En 2017, 5 200 enfants de moins de 3 ans (51%, contre 33% en France) ont été accueillis chez une assistante ma- ternelle sur des périodes plus ou moins longues. Les autres ont intégré l’une des 61 crèches (12% contre 18%) ou sont entrés à l’école (3,7% contre 4%). Et les 32% restants ? Ils sont restés avec leurs parents ou grands-parents.

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