Hier
Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec lui. Par moment touchant, le dernier film de Xavier Dolan se révèle hélas trop souvent frustrant.
Enfant, Xavier Dolan écrivait à ses idoles du cinéma et de la télévision dans l’espoir de converser avec elles. Le réalisateur canadien porte ce fantasme de gosse à l’écran dans Ma vie avec John F. Donovan -son septième long-métrage- où un jeune garçon, Rupert Turner, entretient une relation épistolaire avec son acteur favori, John F. Donovan. Leur correspondance dure cinq ans, jusqu’au décès du comédien, des suites d’une overdose. Dix ans plus tard, le fan devenu à son tour acteur consigne leurs échanges dans un livre, exprimant publiquement ce qui lia leur trajectoire. D’un côté, un pré-ado qui aspire à s’affirmer ; de l’autre, un acteur qui cache son homosexualité pour ne pas mettre sa carrière en péril.
Ces deux portraits, Dolan les dépeint avec sa sensibilité habituelle, autour des relations mère-fils, son (obsession ?) thème de prédilection. Mais le cinéaste n’y apporte rien de vraiment neuf. Plus étonnant même, les mères restent au second plan, sans que le film ne s’attarde sur leurs fêlures. Les autres pistes du scénario -les affres de la célébrité, le poids de la construction masculiniste, la peur du coming-out- restent elles aussi dans le domaine de l’abstraction. La correspondance entre l’enfant et son modèle n’est pas plus explicitée : elle est pour eux un refuge, point barre. Tout paraît ainsi survolé, suggéré et finalement un peu vain. C’est d’autant plus frustrant que le film fait montre d’un certain savoir-faire (bande-son, narration, réalisation), porté par un Kit Harrington -le Jon Snow de Game of Thrones- très convaincant pour son premier rôle d’envergure au cinéma. Une déception.
Drame de Xavier Dolan, avec Kit Harrington, Jacob Tremblay, Natalie Portman (2h03).
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