Opération séduction pour l’usine du futur

Bien qu’en pleine révolution technologique, l’industrie souffre encore de son image, notamment auprès des jeunes. Pour y remédier, l’Union des industries et métiers de la métallurgie se mobilise.

Claire Brugier

Le7.info

Pendant quatre jours, du 22 au 25 novembre, le Grand Palais de Paris a accueilli l’Usine extraordinaire. Objectif  de cette exposition interactive et foisonnante installée par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et ses partenaires (*) : réconcilier les Français avec l’usine. Et plus particulièrement les jeunes. Pour l’UIMM de la Vienne, qui a emmené sur place une classe de 2ndedu lycée Edouard-Branly de Châtellerault, l’enjeu est d’autant plus prégnant que le Châtelleraudais, qui concentre la moitié des industries du département, est le deuxième bassin industriel de Nouvelle-Aquitaine.

« Dans beaucoup d’entreprises, les carnets de commandes sont pleins, mais elles peinent à trouver les ressources humaines et  les formations techniques ont parfois du mal à remplir les sections, souligne Jean-François Lherm.Notre rôle est de faire connaître ces métiers aux jeunes. »Le chargé de mission de l’UIMM en convient volontiers : « Le maître-mot dans l’industrie a longtemps été : pour vivre heureux, vivons cachés. » Sans doute la crainte de l’espionnage ou le confort d’une activité florissante ont-ils longtemps étouffé les velléités de communication des entreprises. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, même si le secteur n’exploite pas encore  pleinement la viralité des réseaux sociaux pour s’assurer une audience auprès des jeunes. « Chez Safran, nous ouvrons autant que possible nos portes aux scolaires mais aussi aux professeurs, aux conseillers d’éducation… », assure Patrick Turbillier, directeur des deux sites Châtelleraudais du fleuron de l’aéronautique. 

Métallurgie : 330 entreprises dans la Vienne

Safran, Thalès, Mecafi, Fenwick, Magneti Marelli, Valéo, Techman Head... La Vienne abrite des poids lourds de l’industrie métallurgique, dans une quasi-indifférence. C’est pourtant « l’une des particularités du département, selon Jean-François Lherm. La Vienne compte beaucoup de gros établissements, liés à de grands groupes. On dénombre 330 entreprises dans la métallurgie pour 11 500 salariés. A titre de comparaison, on recense 420 usines en Charente-Maritime, pour moins de 10 000 salariés. »

Reste que les clichés qui entourent l’industrie ont la peau dure. « Si le grand-père commence à parler de son usine pendant le repas du dimanche, on est foutu ! »glisse Jean-François Lherm. Car le monde industriel connaît actuellement une révolution. Contrairement aux idées reçues,« les robots ne détruisent pas l’emploi ! », insiste Pierre-André Gilles. Le co-dirigeant de Secatol, à Saint-Benoît (62 salariés), a embauché dix-huit personnes en 2017, onze en 2018 et a parallèlement investi 1M€ dans une plieuse qui arrivera en décembre. « Aujourd’hui la machine fait le travail et le salarié la pilote, il apporte sa patte sur la partie noble du travail, la valeur ajoutée », explique Jean-François Lherm.« Certains métiers portent toujours le même nom mais s’exercent de façon différente », confirme Philippe Jehanno, directeur de Techman Head et président de l’UIMM. Les chaudronniers, usineurs ou tourneurs-fraiseurs d’hier ne sont plus ceux d’aujourd’hui. Et les perspectives d’évolution professionnelle dans l’industrie sont aussi réelles que ce qu’on y fabrique : machines-outils, médicaments, réalité virtuelle, avions...

(*) Michelin, EDF, Sanofi et la Fédération des industries mécaniques.

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