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Des maternités loin de l'hypertension
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mardi 13 novembre 2018Avec la fermeture de la maternité du Blanc, contre laquelle un collectif d’habitants se bat farouchement, le CHU de Poitiers et le centre hospitalier Camille-Guérin de Châtellerault devraient voir affluer les futures jeunes mamans de l’Indre, mais pas dans les mêmes proportions.
Jusqu’en juin dernier, entre 250 et 300 femmes de l’Indre bénéficiaient tous les ans de la maternité de proximité du Blanc. Mais l’Agence régionale de santé du Centre-Val de Loire a choisi de la fermer provisoirement « faute de personnels ». Fermeture définitive confirmée à la rentrée, la ministre de la Santé Agnès Buzin arguant de « problèmes de sécurité ». Laure et Jennifer font partie du collectif de citoyens « C’est pas demain la veille », qui se bat contre cette décision. Les deux femmes sont aussi de futures jeunes mamans, confrontées à un dilemme : accoucher à Châtellerault (50,7km), Poitiers (62,7km) ou Châteauroux (57,4km) ?
Laure Duguet, elle, a choisi « Châtellerault pour le côté petite maternité cosy ». Son terme est prévu début mars. Comme elle, quinze femmes ont « atterri » à Camille-Guérin entre juillet et septembre derniers. « Même si nous sommes bien accueillies, il faut quand même faire une heure de route ! », observe Claire Moreau, l’une des animatrices du collectif. « Sur une année complète, nous tablons sur une soixantaine de naissances supplémentaires liées à la fermeture du Blanc », observe pour sa part le Dr Alain Godard, chef du service de gynécologie-obstétrique de l’établissement. Le professionnel se réjouit de ce regain d’activité. En sept-huit ans, le CH de Châtellerault a vu le nombre de naissances baisser de 28% (1 250 à 900), alors même que l’équipe médicale affiche complet : trois gynécologues, vingt-cinq sages-femmes, autant d’auxiliaires de puériculture et deux pédiatres pour seize lits. Ironie de l’histoire, un pédiatre... du Blanc a rejoint la sous-préfecture de la Vienne cet été.
Peu d’incidences à Poitiers
Confronté à la « même baisse démographique qu’ailleurs » -moins 3% à fin septembre 2018 par rapport à la même période 2017-, le CHU de Poitiers n’a pas ressenti les effets de la fermeture du Blanc sur son activité. « Cinq naissances supplémentaires en septembre », indique Cécile Beneux, directrice du pôle femme-enfant. Pas de quoi décider l’hôpital à rouvrir les dix lits fermés prochainement, sur décision de la direction. « La nouvelle maternité (ouverte à la rentrée 2015, ndlr) avait été dimensionnée sur quarante lits, alors qu’une trentaine de chambres sont occupées en permanence. Il est extrêmement compliqué de gérer les pics », se justifie Cécile Beneux.
D’ailleurs, les syndicats, CGT en tête, se sont récemment émus que des chambres simples soient dédoublées pour absorber ces fameux pics. A l’avenir, le CHU de Poitiers envisage très sérieusement de réduire la durée de séjour des parturientes, aujourd’hui proche de quatre jours en moyenne contre trois dans de très nombreux CHU.
Après l’occupation de la maternité et la journée ville morte, le collectif « C’est pas demain la veille » prépare une opération coup de poing à Paris, le 21 novembre. Une centaine d’habitants devraient se rendre à la capitale pour faire entendre leur voix au cours d’un happening destiné à « mobiliser l’opinion publique ».
Jennifer : « J’espère ne pas être hospitalisée »
Jennifer Le Blanc est l’une des « naufragées » de la maternité du Blanc, où elle a accouché en 2011 de son premier enfant. Elle qui habite Pouligny-Saint-Pierre, à 5km de la sous-préfecture de l’Indre, est prise en charge depuis plusieurs semaines à Châtellerault. « Mon accouchement est prévu en février prochain, mais comme je fais du diabète gestationnel, j’ai un suivi là-bas tous les quinze jours. Le personnel me semble très compétent, gentil, mais je ne le connais pas bien encore. Ma hantise, c’est d’être hospitalisée comme lors de ma première grossesse, à vingt-cinq semaines. J’ai eu une petite alerte il y a quinze jours et j’ai dû aller au CHU. Heureusement, ce n’était rien de grave. Poitiers, c’est vraiment trop loin ! Et puis, je pense qu’on serait moins cocoonées qu’à Châtellerault. De toutes les manières, ne pas accoucher au Blanc ajoute du stress supplémentaire. Je n’ai pas perdu espoir que la maternité rouvre. Une cousine par alliance et deux amies doivent aussi accoucher à Châtellerault en décembre. Vous comprendrez que la situation n’est pas idéale pour nous. »
Le chiffre
2 286. Soit le nombre de naissances au CHU de Poitiers, en 2017. Ce chiffre ne cesse de diminuer depuis 2015 (2 340). Au-delà, de fortes disparités existent d’un mois à l’autre. En juin 2017, 160 accouchements ont eu lieu au CHU, contre 217 en octobre.
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