La rédaction donne la parole à des personnes en situation de handicap qui se livrent sur leur quotidien, entre petites joies et grandes peines. Une série garantie sans filtre. Deuxième volet avec Nathan Maillet, 20 ans, nageur ambitieux et jeune homme très attachant.
Mon handicap
« J’ai des problèmes de comportement très légers, un retard mental faible. Lorsque j’étais en petite section, ça n’allait pas du tout, j’ai dû redoubler. J’ai ensuite intégré l’IME Venier, à Loudun, où je suis toujours. Quand, un jour, la psychologue a dit à mes parents que jamais je ne pourrais lire ni écrire, ça a été le coup de grâce pour eux. Mais aujourd’hui, je lis, j’écris, je suis à l’école, pas une école comme les autres, mais quand même. Et puis, j’essaie de progresser au mieux en maths, en lecture, en géographie… J’ai quand même décroché mon BNSSA (Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique, ndlr) et mon permis de conduire ! »
La natation
« Plus jeune, j’ai découvert que j’aimais bien aller dans l’eau, patauger. La natation, ça m’a aidé à « enlever » mon handicap. Enfin, disons que je me sens bien mieux… J’ai moins de problèmes qu’avant. J’aime la compétition, aller vite. J’ai été champion du monde au Mexique (*) l’année dernière sur 100m nage libre et sur 100m dos. Beaucoup de choses ont changé avec ces titres. »
Une mémoire phénoménale
« Vous savez comment cela m’est venu de retenir tous les chronos ? Lorsque j’avais 3 ans, on a détecté chez moi une grosse mémoire. Quand ma mère était fatiguée et qu’elle me lisait des histoires, elle tournait très vite les pages. Des fois, je l’arrêtais en lui disant : « Tu n’a pas lu celle-là ! » Aujourd’hui, je peux vous dire que je détiens dix records de France, dont le 50m nage libre en 25’’38’’’. Mais au Mexique, dans le relais, nous avions battu des Japonais et j’avais en 24’’60’’’. Vous voulez d’autres chiffres ? »
Un rêve à concrétiser
« Je vais tenter de faire les Jeux paralympiques de 2020 à Tokyo et à Paris en 2024. C’est la plus grande échéance au monde, vous vous rendez compte ! Moi, je suis ambitieux. Je vais participer aux Mondiaux IPC l’an prochain pour voir où j’en suis. »
Mon avenir
« Plus tard, j’aimerais être entraîneur. Aujourd’hui, j’attends une place au Centre d’adaptation et de réadaptation au travail. Je voudrais travailler en milieu ordinaire avec le statut de RQTH (Reconnaissance qualité de travailleur handicapé, ndlr). »
Le regard des autres
« Des personnes parlent des fois derrière mon dos, en disant : « Il est champion du monde, mais handicapé ». Si je les avais en face de moi, je leur dirais tout ce que j’ai obtenu : le permis, le BNSSA… Je préfère ne pas connaître le visage de ceux qui sont méchants. Je préfère me consacrer à mes amis. »
(*) En catégorie Inas, l’International Sports Federation for persons with intellectual disability. L’autre fédération (IPC) supervise et organise les Jeux paralympiques.
Solidarité
Le Poitiers social club le soutient
Le 20 septembre dernier, le Poitiers social club (PSC) a réuni près de cinq cents personnes, à la Villa Emma, pour une soirée de soutien à quatre jeunes sportifs poitevins qui visent, chacun dans leur discipline, les Jeux olympiques de Paris 2024 : Nathan Maillet, donc, mais aussi Maxime Maugein (25 ans, décathlon), Noé Moutault (15 ans, escalade) et Charline Berger-Martin (17 ans, canoë-kayak). Le «PSC», qui s’est associé pour l’occasion à Graine de sport, a récolté près de 14 000€ en numéraire et 18 000€ d’apports en nature (billets de train, séances d’ostéopathie, cartes postales...). « C’est bien au-delà de nos espérances, se félicite Pierre Goubault, l’une des chevilles ouvrières du Poitiers social club. On ne veut pas que l’histoire s’arrête là pour ces quatre pépites. Elles donneront par exemple le départ du Futuro Moustache Tour(*), le 18 novembre. » En attendant, vous pouvez suivre l’actualité
des quatre jeunes sportifs sur la page Facebook « Poitiers 2024 ». Une newsletter sera également mise en ligne dans les prochaines semaines.
(*)Ce sera la 4e édition de cette manifestation dont les fonds récoltés iront à la lutte contre les cancers masculins.
DR Momentum Productions