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Dans la Vienne, le nombre de conversions d’exploitants vers l’agriculture biologique a progressé de 25% en 2018. Face à la demande des consommateurs, la filière se structure et les initiatives se multiplient.
L’événement commercial de la semaine, c’est l’ouverture aujourd'hui d’un deuxième magasin Biocoop à Châtellerault, le cinquième au total dans la Vienne. Il sera situé sur la place Dupleix, tout près des halles. Définitivement, la bio a le vent en poupe. On se souvient que son concurrent, Le Marché de Léopold, avait inauguré deux magasins à Poitiers rien qu’en 2017. Les grandes surfaces, elles, multiplient désormais les rayons spécialisés pour répondre à la demande. En Nouvelle-Aquitaine, la consommation de produits issus de l’agriculture biologique a grimpé de 27% l’année dernière. Certes, la bio ne représente que 4% de la consommation globale de la population, mais la tendance semble inéluctable. Pour s’adapter à l’explosion de ce marché, la filière tente actuellement de se structurer, de la fourche à la fourchette.
A la veille du Mois de la Bio(*), le président de la Chambre d’agriculture de la Vienne a bien saisi l’urgence de la situation. « L’attente sociétale s’accroît fortement depuis trois ou quatre ans, confirme Dominique Marchand. Le marché est porteur. En interne, nous sommes en train de monter en compétences en formant nos collaborateurs pour accompagner au mieux les exploitants qui souhaiteraient se lancer. » Depuis le début de l’année, le nombre de conversions a progressé de 25% dans le département. Pas moins de 76 exploitants agricoles -d’une quarantaine d’années en moyenne- se sont engagés à faire évoluer leurs méthodes en trois ans minimum. Ce qui porte l’effectif total à 430 (sur 3 400 exploitations professionnelles dans la Vienne). Le plafonnement des aides à la conversion -18 000€ maximum par an pendant cinq ans- ne semble pas décourager les volontaires. Le niveau des prix de vente compense la baisse de rendement. En outre, les coopératives de collecte et de transformation acceptent de contractualiser avec les producteurs jusqu’à cinq ans. « En bio, on est capable de faire un prévisionnel, ailleurs ce n’est pas toujours possible », souligne Martine Cavaillé, coordinatrice d’Interbio, l’association interprofessionnelle régionale bio.
Pédago bio
La filière se structure également en aval, au plus près du consommateur. Les initiatives se multiplient dans la formation des vendeurs. Signe que la tendance prend de l’ampleur, le lycée privé Saint-Jacques-de-Compostelle, à Poitiers, a choisi cette année de consacrer l’intégralité de son magasin pédagogique à la bio. La Biocoop voisine, à Saint-Eloi, a mis à disposition une vingtaine de références pour que les terminales en bac pro Commerce s’exercent à les vendre. « Ils vont tout faire, de la gestion des stocks à la théâtralisation des rayons. Ils devront être capables de parler des produits et des valeurs associées », note Adeline Capela, professeur de vente. Bio ou pas, ce sont toujours les gâteaux et le chocolat qui partent le mieux.
(*)Pendant le Mois de la Bio, des dizaines d’exploitations ouvrent leurs portes, mais cette initiative est réservée aux professionnels (moisdelabio.fr). Pour le grand public, direction le salon Respire la vie, du 23 au 25 novembre, au parc des expositions de Poitiers.
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