La réforme qui inquiète

A l’initiative du haut-commissaire Jean-Paul Delevoye, les négociations sur la réforme des retraites ont repris mercredi au ministère des Solidarités. Le dossier est d’autant plus sensible que les actuels retraités dénoncent déjà une baisse de leur pouvoir d’achat.

Claire Brugier

Le7.info

Le calendrier, qui prévoyait un vote au premier semestre 2019, devrait accuser un retard de quelques mois. Mais la loi sur un régime universel des retraites, visant entre autres à lisser sous dix à quinze ans les quarante-deux formules existantes, est en marche. Par anticipation de la future réforme ou par réaction aux mesures déjà prises, comme l’augmentation de 1,7%  de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les pensions supérieures à 1 200€ mensuels bruts, de nombreux retraités grognent. Voire descendent dans la rue. Ce sera encore le cas ce jeudi, à Poitiers, à l’appel de la Fédération générale des retraités de la fonction publique.

Mardi dernier, jour de mobilisation nationale, mégaphone à la main, Micheline Leclaire s’indigne. La militante CGT et Lutte ouvrière de Châtellerault est retraitée depuis 2001. « Ceux qui sont à la retraite aujourd’hui ont cotisé toute leur vie, alors ils ne volent pas l’argent de leur pension ! Et puis souvent, ils aident leurs enfants ou petits-enfants... D’un côté on augmente de 1,7% la CSG, alors que de l’autre côté on supprime l’ISF (ndlr, impôt de solidarité sur la fortune). » Et on maintient « le prélèvement de 1% au titre de la maladie sur les pensions des retraites complémentaires », note Guy Fleury, secrétaire général de la CFDT retraités de la Vienne. « Le calcul est simple : avec une pension moyenne de 1 376€, un retraité perd 305€ par an au titre de l’augmentation de la CSG et 248€ dus à l’inflation, soit plus de 500€ par an. »

Baisse du pouvoir d’achat

Les retraités dénoncent unanimement une baisse régulière de leur pouvoir d’achat. « On nous demande un nouvel effort, mais on oublie que lors du précédent quinquennat, on a subi la suppression de la demi-part fiscale des veufs, la taxe Casa (ndlr, contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie) et un quasi gel des pensions pendant cinq ans, déplore Patrick Vilain, président de Génération Mouvement 86. Aujourd’hui nous ne comprenons pas. » Le président honoraire national du réseau associatif seniors aimerait que « Génération Mouvement soit reconnu comme un partenaire social », au même titre que le patronat et les syndicats. « Nous avons l’impression que la variable d’ajustement, ce sont les pensions. » La question du montant fait aussi logiquement partie des interrogations récurrentes des futurs retraités. « Le passage à la retraite est toujours un moment particulièrement anxiogène pour les personnes, avec une part d’incertitudes sur les droits, d’autant plus dans le climat actuel », constate Vanessa Garestier, responsable marketing et communication à la Carsat qui confie avoir « très peu de lisibilité sur la réforme ».

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