Octobre rose est chaque année l’occasion de rappeler l’importance du dépistage précoce du cancer du sein. Malgré cela, de nombreuses femmes restent hors du dispositif.
Depuis vingt-cinq ans, le rose a perdu de sa légèreté quasi enfantine au profit d’une juste cause : le dépistage du cancer du sein. Chaque année en octobre, la campagne de prévention s’affiche en grand format, les rubans fleurissent et les marches se multiplient afin de regarder en face et ensemble des chiffres qui terrifient. Au cours de sa vie, une femme sur huit sera confrontée au cancer du sein. Toutefois, ils ne doivent pas en occulter d’autres : la survie à cinq ans est de 99% lors d’une détection précoce. C’est pourquoi « il faut dédramatiser cette maladie, sans la banaliser, note le Dr Florence Ellia-Benand. D’autant que l’on a beaucoup évolué dans le diagnostic, notamment avec la tomosyntèse (mammographie 3D, ndlr) et la qualité de la prise en charge. »
Dans ce contexte, la chirurgienne- obstétricienne du Fief de Grimoire (Poitiers) insiste sur les vertus du programme national de dépistage organisé, mis en place en 2004. Porté dans la Vienne par DocVie (association soutenue par la Caisse primaire d’assurance maladie et l’Agence régionale de santé), il invite les femmes de 50 à 74 ans, sans antécédents particuliers, à se soumettre à une mammographie tous les deux ans. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la détection d’un cancer du sein est de sept pour mille femmes dépistées entre 50 et 74 ans, l’âge moyen se situant autour de 62 ans.
Des délais trop variables
Sur le département, 65 000 femmes sont concernées, mais seule une sur deux participe, « ce qui est en-deçà des objectifs nationaux de 70% », déplore Caroline Tournoux-Facon, médecin coordonnateur de DocVie 86. D’autres, 10% environ, préfèrent mener une démarche individuelle, se privant ainsi de la double lecture des radiographies offerte par le dispositif national.
La démographie médicale, il est vrai, ne joue pas en faveur du dépistage. L’offre de soins en radiologie se révèle très disparate sur le département. « Les délais peuvent aller de quinze jours sur Châtellerault à plusieurs mois sur Poitiers, souligne le Dr Tournoux-Facon. Par ailleurs, certains secteurs n’ont plus de cabinet de radiologie ; c’est lecas de Montmorillon ou Chauvigny. » Difficile dans ce contexte de tenir le rythme d’un examen tous les deux ans.
« D’après mon expérience de praticienne, je pense que l’on a atteint un seuil, bien sûr insuffisant, mais on n’a pas encore trouvé de levier pour sensibiliser plus de patientes, note le Dr Ellia-Benand. Ce qui est surprenant, c’est que les femmes entre 40 et 50 ans sont presque plus sensibilisées au dépistage que la tranche d’âge au-dessus... »
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