L’Europe des vraies gens

A quelques mois des élections européennes, deux étudiants poitevins sont partis à la rencontre de nos voisins pour recueillir leurs sentiments sur cette Union qui se construit parfois dans la douleur.

Romain Mudrak - @romainmudrak

Le7.info

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Existe-t-il réellement une identité européenne ? Une culture commune, des points d’accroche qui rassemblent les habitants des vingt-huit pays membres de l’Union ? A huit mois des élections qui désigneront les nouveaux députés européens, Mathis Commere et Marius Girard-Barbot, deux étudiants poitevins en master de droit, ont décidé de se faire une idée sur la question en allant à la rencontre de nos voisins.

« A travers ce projet, nous voulons découvrir l’Europe des gens, au-delà des institutions européennes, des médias et des réseaux sociaux », souligne le premier. Ensemble, ils ont créé l’association Debate Beyong Borders, littéralement Débattre au-delà des frontières, bouclé une campagne de financement participatif et mis en ligne un blog(*) sur lequel ils racontent leurs aventures. Leur périple a démarré le 4 septembre par la Sicile. Ils ne rentreront que quelques jours pour Noël et repartiront en 2019 vers l’Espagne et le Royaume-Uni, pile au moment du Brexit. De quoi susciter à coup sûr des échanges enflammés. Entretemps, ils auront parcouru une vingtaine de pays, en bus ou en stop. Des contacts ont été établis avant de partir. D’autres sont plus spontanés. Dans la plupart des cas, ces jeunes gens ont cherché à être hébergés chez l’habitant, grâce au réseau Bewelcome.org. Une façon d’observer de plus près le quotidien de nos voisins.

Repli nationaliste ?
Sentiment d’appartenance à l’Union ou pas, il est encore trop tôt pour le dire. Mais les témoignages se multiplient. « En Croatie, les gens ont bien remarqué que les touristes allemands qui viennent en vacances gagnent trois fois plus d’argent qu’eux. Difficile pour eux de se considérer à égalité dans une économie européenne à deux vitesses. » A l’inverse, un vieux Sicilien de 89 ans s’est dit prêt à accueillir tous les Européens motivés pour repeupler son village déserté. Ce voyage sera également l’occasion d’évaluer l’ampleur du repli nationaliste mis en avant par les gouvernements italiens, polonais ou hongrois... Et après ? Les étudiants aimeraient diffuser ces témoignages le plus largement possible. Tous les partis politiques français se sont montrés intéres- sés par la démarche. A suivre.

(*)debatebeyondborders.com. Jusqu’aux élections européennes de mai prochain, Le « 7 » publiera régulièrement des extraits de leurs chroniques dans la rubrique Carnet de voyage.