Ne pas rater le « train du Climat »

La sécheresse perdure dans la Vienne, ce qui pose la question de la gestion des ressources en eau pour les années à venir. Cette problématique fera l’objet d’une table ronde, samedi, à l’espace Mendès France, animée par Bernard Legube, dans le cadre du « train du Climat ».

Steve Henot

Le7.info

Il le concède lui-même, Bernard Legube ne s’attendait pas à un été aussi sec. Pourtant, voilà bien des années que le professeur émérite de l’université de Poitiers, également président du conseil scientifique de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, observe avec attention les impacts du réchauffement climatique sur les cours d’eau de la Nouvelle-Aquitaine. « Les chiffres sont absolument catastrophiques, s’alarme-t-il. Nous nous éloignons déjà des modèles les plus optimistes pour prédire l’évolution future du climat. »

Pour preuve, la moyenne des relevés annuels nous apprend que la température de l’air a augmenté de 2,1°C, à Poitiers, en un peu moins d’un siècle. Et de 1,8°C à l’échelle de la région, depuis les années 1960. « C’est énorme par rapport à la moyenne planétaire, qui est de + 0,8°C ! » Par conséquent, les eaux et les sols se réchauffent, eux aussi, affectant la biodiversité et le débit des cours d’eau. « On s’attend à une diminution très forte, de 20 à 30%, du débit moyen des rivières d’ici 2050, précise le scientifique. Il pourrait alors nous manquer un milliard de m3 d’eau, ce qui représente la moitié de nos besoins estivaux. »

« Nous n’avons plus le droit d’attendre »

En plusieurs endroits de la région, la situation est déjà très préoccupante. Dernièrement, face au faible débit du Clain, la municipalité de Poitiers a été contrainte de prendre un arrêté limitant les usages de l’eau pour les habitants. Et qui dit moins d’eau, dit aussi une dilution moindre de nos rejets, donc une eau de moins bonne qualité… Sans parler des conséquences désastreuses sur l’environnement et l’agriculture. « Au train où vont les choses, nous n’aurons pas d’autre choix que de nous adapter, en consommant et en irriguant moins que nous le faisons aujourd’hui. »

Ces problématiques de l’eau et de sa gestion, Bernard Legube les exposera ce samedi 13 octobre, à l’espace Mendès France de Poitiers, à l’occasion d’une table ronde organisée dans le cadre du « train du Climat », une exposition scientifique itinérante en Nouvelle-Aquitaine. Pour réfléchir et sensibiliser. Car aujourd’hui, plus que jamais, il y a urgence. « C’est maintenant qu’il faut agir, nous n’avons plus le droit d’attendre. »

Parti d’Angoulême vendredi dernier, le « train du Climat » sera en gare de Poitiers ce vendredi 12 octobre, jusqu’au lendemain. A son bord, des chercheurs accompagnent le public au cours d’un parcours de découverte des climats, afin d’échanger sur les dernières avancées scientifiques. Initié en 2015, ce train se veut une exposition scientifique itinérante, soutenue par l’Etat et animée par le collectif « Messagers du Climat », en partenariat avec la Région Nouvelle Aquitaine et la SNCF. Des rencontres sont également proposées, sous forme de conférences participatives, dans les différentes villes étapes. A Poitiers, elles démarrent dès jeudi et sont ouvertes à tous les publics et les scolaires. Jeudi 11 octobre A l’espace Mendès France : de 10h30 à 12h, « La biodiversité, c’est la vie » ; de 14h30 à 16h, « Préserver l’eau ». Au centre de conférences Poitiers-Toumai : de18h30 à 20h, « A la découverte des climats passés, présents et futurs ». Vendredi 12 octobre A l’espace Mendès France : de 10h30 à 12h, « Tous à vélo ? » ; de 14h30 à 16h, « Le vrai du faux du climat ». Au centre de conférences Poitiers-Toumai : de18h30 à 20h, « Dernier bilan du changement climatique en Nouvelle Aquitaine par Acclimaterra ». Samedi 13 octobre A l’espace Mendès France, de 14h30 à 16h, « La sécheresse, parlons-en ! »

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