Hier
Avec un salon et une convention en octobre rien qu’à Poitiers, le tatouage a semble-t-il réussi à faire la peau à son image subversive.
Longtemps cantonné à une sphère d’initiés, le tatouage s’affiche désormais au grand jour. Il s’exhibe, sort d’une manche ou d’un col de chemise, se promène sur les plages l’été... Non seulement il lui arrive fréquemment de tenir salon, mais il s’invite désormais entre le fromage et le dessert. Pour preuve l’afterwork original organisé mi-septembre par le restaurant Le Bateau Ivre, à Migné-Auxances. Pourquoi ? « C’est la mode ! »rétorque dans un sourire entendu le directeur de l’établissement Franck Borgeais. Là n’est pas la vraie raison. « L’idée est surtout de créer une dynamique, de faire se rencontrer des personnes différentes, dans un lieu différent, afin de donner une autre image du tatouage, qui concerne aujourd’hui aussi bien des chefs d’entreprise que des ouvriers, des fonctionnaires... »
Sous le grand barnum attenant à la terrasse, Jessy Piercing and JNY et Jack Dermo ont donc installé le temps d’un soirée leur matériel. « Pour casser l’association entre le tatouage et le piercing, et le monde des bikers, confie Jessy, et pour le côté festif. » Jack Dermo en convient : « Aujourd’hui beaucoup de conventions sont organisées partout en France, avec une très, trop grosse concentration de tatoueurs... Un afterwork a un côté plus convivial. Mais faire ça il y a vingt ans, c’était juste impossible. »
« Au-delà de l'effet de mode »
En matière de tatouage,il n’existe qu’une seule formation officielle donnant accès au diplôme d’artiste tatoueur (niveau bac+2) ; l’apprentissage, associé à une formation aux règles d’hygiène et de salubrité, se fait souvent par transmission et passion, auprès d’un mentor.« Le tatouage va désormais au-delà de l’effet de mode,souligne Bruno Pailler, qui organise en octobre avec son père le 4esalon du tatouage à Chasseneuil-du-Poitou. Personnellement, j’ai été plongé dedans tout petit. Cela fait trente-huit ans que mon père tatoue. » Dans la boutique de l'avenue Jacques-Cœur à Poitiers, on tatoue et on perce en famille. Et l'agenda est bien rempli, comme dans les studios similaires, une quinzaine sur le département. Signe que le tatouage, qu'il soit longuement prémédité ou « flash », old ou new school, a perdu de son caractère subversif. Il se démocratise.
Il s'universalise aussi via les conventions. « Une convention est l'occasion de faire découvrir des tattoos de différentes régions, noteElvis Conrad, le président de Médiéval MC Vienne. Les 13 et 14 octobre, à Poitiers, nous allons accueillir des tatoueurs suisses, brésiliens, tahitiens... Le tattoo est un art très spécifique en Polynésie, il fait partie de leur culture. »
Afterworks, salons, conventions, autant de portes désormais grandes ouvertes sur le monde du 10e art.
4e Salon du tatouage, 6 et 7 octobre, restaurant Les Piratesà Chasseneuil-du-Poitou ; 6€ la journée, 10€ le week-end.
Convention Tattoo Médieval Poitiers, samedi 13 octobre de 10h à 23h et dimanche 14 septembre de 10h à 18h, gymnase de Touffenet, à Poitiers ; entrée 6€ le week-end, gratuit -14 ans (1€ reversé à « Un hôpital pour les enfants »).
À lire aussi ...