Militant de la pensée positive

Christophe Chartier, 48 ans. Réceptionniste de nuit dans un hôtel de Chasseneuil. A opté pour un mode de vie résolument optimiste quand sa vie a basculé. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dédiés au bien-être écrits avec le secret espoir que les gens accomplissent enfin leurs rêves.

Romain Mudrak

Le7.info

La nuit, Christophe Chartier est réceptionniste à l’Altéora, l’un des hôtels de la Technopole du Futuroscope. Le jour, il écrit des livres de développement personnel. Rien de pompeux. Plutôt des réflexions tirées de son expérience. Des mots qui font du bien. Des clés pour rappeler l’essentiel dans un monde débordant de superflu. « Votre challenge si vous l’acceptez : être heureux ! », est le titre de son dernier ouvrage. Christophe Chartier en a déjà imprimé une quinzaine à compte d’auteur.

Cette envie d’écrire et de transmettre lui vient des abîmes. Une profondeur insondable dans laquelle cet homme de 48 ans est tombé en 2010. Du jour au lendemain, il a d’abord perdu le poste qu’il occupait depuis douze ans dans une entreprise de négoce de matériaux de la Vienne, juste parce que le patron n’avait pas préparé son départ en retraite. Bilan : une douzaine de salariés sur le carreau. Quelques mois après, il se sépare de son épouse, la mère de ses deux enfants. Christophe Chartier doit vendre la belle maison de Dissay et la plupart des biens accumulés jusque-là. Sa vie stable s’effondre comme un château de cartes. Impossible de rebondir. C’est trop dur.

« La vie est trop courte »
Deux ans plus tard, le directeur de l’Altéora, Bernard Maret, lui donne sa chance. L’hôtellerie n’est pas son domaine de prédilection. Il signe pour un contrat de réceptionniste trois nuits par semaine, puis quatre. De quoi survivre financièrement. Une longue procédure judiciaire l’amène à obtenir la garde pleine et entière de son garçon et de sa fille. Plutôt rare pour un papa... Il doit se relever. Pour eux. « J’ai totalement changé ma façon de voir les choses. Grâce à des lectures et des conversations, notamment avec monsieur Maret, j’ai décidé de définir de nouvelles priorités », explique calmement Christophe Chartier, qui paraît aujourd’hui apaisé. Quand on lui a proposé un poste à temps complet, il a dit non. « J’ai choisi de travailler moins pour consacrer beaucoup de temps à mes enfants. Nous vivons avec l’essentiel, une maison modeste en location, une petite voiture. Aucun crédit. Quelle liberté!»

Son credo : « la vie est trop courte. » Tatouage « Think positive » au poignet, il décide d’« éliminer les vampires qui vous bouffent toute votre énergie » et s’interdit la « procrastination ». A lui comme à ses enfants, mais en plus cool. Sa fille Morgane, « presque 13 ans », rêve de publier son premier manga. Un truc de famille sûrement ! Soutenue par son papa, la collégienne vient de lancer une cagnotte sur la plateforme Leetchi pour acheter le matériel. « Ça ne s’arrêtera pas là, il faudra qu’elle tienne ses engagements par rapport à ses généreux donateurs, c’est le sens de la responsabilisation que je veux transmettre à mes enfants. » Encore un principe trop souvent oublié dans notre société contemporaine, selon Christophe Chartier. « Et que l’Ecole n’enseigne pas... » Ce sera le thème d’un futur ouvrage.

« Sois actif, créatif, relève le défi ... »
Il est l’auteur d’un livre sur la monoparentalité, sous un pseudo de femme, pour être « plus crédible » et de plusieurs ouvrages sur une thématique plus ésotérique, les coupeurs de feu, capables d’apaiser les inflammations de la peau. Son père, pharmacien de métier, en est un. Qu’on y croit ou pas, le phénomène intéresse. Il n’y a qu’à voir les chiffres de vente de ces guides sur Amazon pour s’en convaincre. Christophe Chartier mène en permanence de nouveaux projets. Au-dessus de son bureau, un tableau reprend ces items comme une antienne : « Sois actif, créatif, relève le défi... » Une façon de « ne pas subir sa vie » et de se lever tous les matins avec la « big pêche ». Tant pis si certains tombent à l’eau. « Pour moi, l’important, c’est de faire et si ça ne marche pas, je passe à autre chose sans me plaindre. »

Son patron a été séduit par cette philosophie. Il a d’ailleurs acheté cinquante exemplaires de son livre de recettes pour « être heureux ». Il les a ensuite distribués à tous ses salariés. De quoi engager des conversations. « Certains collègues sont venus me dire : ce point-là, je l’ai mis en pratique et cela m’a fait du bien. » Pas facile de sortir du métro-boulot-dodo, surtout quand on travaille dans l’hôtellerie. Si les gens pouvaient juste s’arrêter un moment, lever la tête et s’assurer que leur vie correspond toujours à leurs priorités -si ce n’est à leurs rêves-, ce serait déjà merveilleux. Et cela rendrait Christophe Chartier heureux !

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