Face au manque de respect et aux petits délits qui se répètent, un groupe d’habitants des Trois-Cités, à Poitiers, a décidé de prendre les choses en main. Ils ont rédigé une charte « du bien vivre ensemble », point d’appui à plusieurs actions à venir. L’idée pourrait faire école dans d’autres quartiers.
« A la médiathèque, je ne fais pas de bruit et je prends soin du matériel mis à ma disposition. » « Je n’insulte, ni ne bouscule personne. » « Je ne crache pas par terre. » Cela n’a l’air de rien, mais toutes ces petites incivilités que l’on constate au quotidien ont l’art de pourrir l’ambiance d’un quartier. Aux Trois-Cités, Mamadou Souaré l’a bien compris. En début d’année, cet habitant très impliqué a réuni une cinquantaine de personnes à quatre reprises, pour élaborer une « charte du bien vivre ensemble pour un meilleur cadre de vie et de respect des autres ». Une trentaine d’articles de référence pour dire « stop aux inci- vilités et oui au civisme ». Dès la rentrée, son équipe de bénévoles motivés et lui-même iront présenter ce texte aux enfants dans les écoles, ainsi qu’aux habitués de la médiathèque et du centre socioculturel. Les Couron- neries devrait rapidement faire appel à lui.
C’est la dernière action en date de l’Association pour la promo- tion des valeurs de la République, créée en février 2016. « Après la série d’attentats qui a frappé la France en 2015, je me suis dit qu’il fallait défendre la République et rappeler à tous la chance que nous avons d’être en France », raconte ce trentenaire récemment arrivé de Guinée. A l’époque, l’Education nationale a appelé toutes les bonnes volontés à venir dans les écoles parler aux plus jeunes de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité. Mamadou Souaré n’a pas raté l’occasion.
Les ressources du quartier
« Lui et son association sont de vraies ressources pour notre quartier, nous les soutenons complètement, souligne Vincent Divoux, directeur du Centre socioculturel des Trois-Cités. Nous avons la chance d’avoir beaucoup de gens qui font preuve d’initiatives pour prendre en main la vie du territoire. » Et il n’est pas avare d’exemples. On se souvient que les élèves de l’école élémentaire Tony-Lainé avaient réagi de manière originale après plusieurs dé- gradations successives de leur établissement en accrochant des messages d’enfants à l’attention des casseurs.
Depuis juin, Mamadou Souaré accompagne un groupe d’habitants de la résidence Jean-de-la-Fontaine pour nettoyer les abords de l’immeuble. « Bien vivre dans le quartier est de la responsabilité de chacun », conclut-il. A méditer.