Sur les dix-huit quatre points de baignades recensés dans la Vienne, quatre ont été fermés au public cet été. En cause, des eaux qui présentaient un taux trop élevé en cyanobactéries, des micro-organismes potentiellement toxiques pour l’homme.
L’étang de la Puye, le lac d’Adriers, le lac de la forêt à Châtellerault et le plan d’eau de Morthemer à Valdivienne… Ces quatre points de baignades ont en commun d’avoir tous été fermés au public durant une bonne partie de la saison estivale. La raison ? Des eaux qui présentaient un taux trop important en cyanobactéries, des micro-organismes qui se développent dans les eaux douces et riches en nutriments, lors de grandes chaleurs.
Chaque été, les services de santé publique de la Vienne procèdent à des prélèvements réguliers, pour s’assurer que la baignade est sans danger. Mais dès lors que la présence de ces algues dépasse le seuil des 100 000 cellules par millilitre d’eau -fixé par l’Agence régionale de santé (ARS)- celle-ci doit être interdite. « Un seuil de précaution », précise Daniel Hébras, ingénieur d’études sanitaires à l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Reste que, cet été, ce seuil a été largement dépassé sur le territoire. « C’est même monté à près de 1,7 million de cellules à Châtellerault ! »
Vigilance étendue aux rivières
Car, en grande quantité, les cyanobactéries peuvent s’avérer toxiques pour l’homme. Comme le rappelle l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans sa classification des maladies, certaines espèces peuvent provoquer divers troubles : irritation cutanée, crampes d’estomac, diarrhée, fièvre… Elles peuvent même agir sur le système nerveux. « Mais il faut une forte ingestion », précise Daniel Hébras. Ces micro-organismes sont encore plus dangereux pour les animaux : à l’été 2017, elles avaient causé la mort de treize chiens qui avaient bu ou s’étaient baignés sur les rives de la Loire et du Cher. « Depuis, on a une vigilance accrue, que l’on a étendu cette année aux rivières. » Comme à la Gartempe, qui traverse La Bussière, où des cellules ont été également détectées.
Si les conditions climatiques y sont pour beaucoup dans le développement des cyanobactéries, l’activité humaine ne serait pas une cause à exclure. « La présence de nutriments dans l’eau peut être la conséquence de rejets de stations d’épuration, de rejets sauvages ou encore d’appâts perdus par les pêcheurs », explique Daniel Hébras. Pour autant, la prolifération des cyanobactéries reste un phénomène difficile à anticiper, à endiguer. « Au lac d’Adriers, il y a eu une courbe ascendante jusqu’à fin juillet, qui a baissé progressivement courant août… C’est difficile de faire des pronostics. Il n’y a pas de réponse exacte. »